L'enfer de Church Street
Jake Hinkson

traduit de l'anglais par Sophie Aslanides
Editions Gallmeister
neonoir

236 p.  15 €
ebook sans DRM 10,99 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

La religion ? Un boulot génial

Les lecteurs français ont faim de polars. Un appétit auquel les éditeurs répondent en proposant sans cesse des auteurs inédits ou de nouvelles collections. Certains plus inspirés que d’autres. En lançant son label Néonoir, Oliver Gallmeister promet ainsi de continuer à « découvrir toutes les couleurs de l’Amérique », quitte à « perdre quelques illusions » mais au prix d’ « une bonne dose d’émotions fortes ». Une promesse qu’il faudra tenir dans le temps, mais que remplit fidèlement le premier volume.

Avec « L’enfer de Church Street », Jake Hinkson, né dans l’Arkansas d’un père diacre dans une communauté évangélique et d’une mère secrétaire dans une église, livre un condensé explosif de ses propres désillusions face à la religion. Adolescent, son héros s’accroche à l’église comme un naufragé à un rocher, pour fuir ses parents divorcés. Adulte, il a une révélation : « La religion est le boulot le plus génial jamais inventé, parce que personne ne perd jamais d’argent en prétendant parler à l’homme invisible installé là-haut ».

Il s’incruste dans une communauté baptiste de Little Rock dont la bienveillance l’encourage à tous les méfaits. Il se met très vite à dos les fidèles de Church Street, puis enchaîne les crimes sans trop de scrupules ni de remords. Jake Hinkson adopte le point de vue du tueur avec ce qu’il faut d’humour cynique, traitant sa fuite en avant sur le mode de la comédie burlesque, osant parfois des outrances à la Quentin Tarantino. Son ton acide apporte la distance nécessaire à cette fable amorale qui s’avale d’un trait, comme un vin de messe siroté en cachette.

 

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