Les imposteurs
John Grisham

Lattès
thrillers
mars 2019
430 p.  23 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Escrocs malgré eux

Ce roman inspirera peut-être encore un scénario pour un film non dénué d’intérêt, comme beaucoup d’oeuvre de J. Grisham. Son thème fétiche des affaires financières et judiciaires engloutit ici le monde des universités américaines qui plombent les étudiants surendettés.
Nos héros étudient à Foggy Bottom, une université pour étudiants en droit moyens. Mais ils vont devoir payer cher leur volonté de faire des études à tout prix en vue de grimper l’échelle sociale : certes, ils auront un diplôme, mais sans valeur…
Alors un cyclone de noirceur emporte nos étudiants à six mois d’être avocats : le suicide de leur ami — un surendettement colossal avec des crédits usuriers – frais et intérêts astronomiques de plus de 200 000 Dollars minimum avant d’entrer dans la vie active — aucune réelle compétence professionnelle à la clé — aucune compétitivité professionnelle à la sortie de la faculté — aucune possibilité de rembourser un jour avec leur futur salaire de misère— espoir d’ascension sociale anéantie.

LES PROBLEMES MIGRATOIRES
Le sort familial de Zola, la fille de la bande, s’ajoute à leur tourmente. D’origine Sénégalaise, ses parents en situation irrégulière aux USA depuis des décennies viennent d’être transférés en zone de rétention. Sa crainte est fondée selon la jurisprudence : Zola peut être arrêtée elle aussi, et renvoyée dans son pays d’origine, même avec une naturalisation en règle. On constate aussi la manne financière pour des escrocs malveillants que peuvent représenter « ses sans-papiers » devenus sans patrie. Cet exemple illustre le problème de l’immigration en général avec le sort des populations immigrées reconduites. Ces gens sont d’abord jalousés quand ils parviennent à fuir, mais à leur retour parfois forcé dans le pays d’origine, ils sont déconsidérées par leurs anciens compatriotes. Sans avoir l’occasion d’expliquer leurs succès ou échecs dans leur tentative d’une vie meilleure, la chute reste rude.
LES REPONSES AU MALHEUR : DES INFRACTIONS EN CASCADE
Le piège se referme sur ces étudiants moyens, incompétents malgré eux, mais dégourdis. Pour eux, la conception d’une issue de secours providentielle passe par l’illégalité. Par bonheur, leur débrouillardise va les pousser à l’exercice de la profession d’avocat, sans compétence ni autorisation. Mais leur problème financier va croître : de voleurs, puis escrocs, leurs infractions prennent de l’envergure jusqu’à mettre en jeu le F.B.I.
Leur audace de leur jeunesse force l’admiration, car leur motivation bien que personnelle prend une dimension justicière. Ils ne se découragent pas et ne s’arrêtent pas. La profusion de leurs idées leur permettent d’exécuter des plans ingénieux tout aussi intrépides côté juridique.
J’ai moins aimé :
Le noir extrême. Repoussés dans leurs derniers retranchements, ils nous inquiètent car on s’attachent à eux (surtout à Mark pour ma part). On devine bien que tout est joué, et que leur destin est plus que noir… mais ils n’ont tellement plus rien à perdre. Alors, la lectrice amatrice des « happy end » a dû attendre les trente dernières pages pour savoir si je serais déçue ou conquise. Mais vous devrez lire jusqu’au bout pour le savoir… En tout cas, on est accroc à l’intrigue !

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coup de coeur nuit blanche

Machine à broyer…..

Depuis des années, John Grisham, à travers ses romans, nous décrit les travers de l’Amérique. Les machines à broyer la vie des gens ou de leur avenir, et souvent par le prisme de l’avocat.

Ici, ce sont les prêts étudiants qui sont en ligne de mire. Véritables industries à fabriquer de l’argent en faisant espérer, d’hypothétiques emplois…..
Alors, que l’on sait que seules les grandes universités, peuvent vraiment y prétendre. Seulement voilà, pour les intégrer, il faut un très bon niveau et beaucoup d’argent. Alors, pour les autres, ce sont des établissements privés, payants également, mais qui n’ont réellement aucune valeur.

Et ça, nos héros, en ont pris conscience depuis quelque temps.
Le suicide de leur ami, qui avait enquêté sur cette machine, va les précipiter dans une spirale pour essayer de s’en sortir en « arnaquant » à leur tour le système.

C’est haletant, angoissant, on se prend à espérer que ce trio va s’en sortir et défier le grand capital mais ce serait trop simple….et surtout, aux Etats Unis, où tout se règle par millions de dollars.
Le thème des travailleurs en situation irrégulière est aussi abordé, problème mondial, il nous ramène à l’actualité quotidienne. Une situation qui n’est vraiment bien gérée nulle part.

Les Imposteurs, c’est un bon moyen de se détendre, en réfléchissant à des problèmes très concrets, sur les dérives d’une société, toujours prête à faire passer les intérêts financiers avant l’humain.

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