Les ombres de la toile
Chris Brookmyre

traduit de l'anglais par David Fauquemberg
Metailie
bb ecossaise
juin 2020
338 p.  22,50 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Embarquement pour le dark web

Voici un roman qui invite au voyage. D’abord jusqu’à Londres, où se déroule l’essentiel de l’action. Puis, de là, dans les profondeurs du dark web pour des incursions nettement plus dépaysantes. Pas besoin d’être un geek pour embarquer, même si l’intrigue mêlant pièges virtuels et chantage en ligne se révèle particulièrement sophistiquée. Avec une vingtaine de romans à son actif, dont plusieurs best-sellers, l’ex-journaliste écossais Chris Brookmyre, 51 ans, a suffisamment de bouteille pour ne jamais lasser le lecteur. Il commence par associer son héros récurrent, le journaliste d’investigation Jack Parlabane, à une jeune hackeuse en âge d’être sa fille. Un quadra au creux de la vague, une post-adolescente timide, souffre-douleur au lycée, en charge d’une petite sœur handicapée. L’attelage semble mal assorti. Il se révèle très vite aussi redoutable pour forcer les verrous qu’équilibré pour varier les points de vue. Ce duo improbable est lâché dans une jungle de requins de start-up, pirates informatiques, maître-chanteurs ou dealeurs qui ne leur font aucun cadeau. Seuls contre tous, sans cesse sur leurs gardes, se manipulant parfois mutuellement pour parvenir à leurs fins, ils tentent de deviner qui les oblige à voler un prototype d’appareil électronique ultra-secret. Et aussi dans quel but. Le pourquoi, ils l’ont vite compris : ils sont les meilleurs dans leur domaine. Lui pour forcer les portes, les fenêtres et le barrage des secrétaires. Elle pour entrer où elle veut, base de données ou site protégé, depuis le smartphone ou l’ordinateur le plus banal, jusqu’à déclencher parfois une crise diplomatique ou bancaire. La jeune fille mal dans sa peau sait ruser, se faire passer au téléphone pour ce qu’elle n’est pas, faire avouer ses identifiants à n’importe qui. Aux pièges les plus élaborés, elle oppose des parades qui le sont davantage encore. C’est plus fascinant qu’un braquage de banque avec perçage de coffre-fort car ici, pour peu qu’on accède au wi-fi, le pouvoir est au bout des doigts, dans le simple effleurement d’un clavier. Fascinant mais un peu inquiétant : au bout de ce thriller haletant, on se hâte d’aller changer tous ses mots de passe.

La parution de ce roman est repoussée au 18 juin

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