L'Invité sans visage
Tana French

Calmann-Lévy
policier/scienc
avril 2017
560 p.  21,90 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
on n'aurait pas dû

Un polar qui tire…à la ligne

Un nouveau Tana French, c’est la promesse d’une intrigue accrocheuse, d’une mécanique de best-seller bien rodée. Et de fait, cet « Invité sans visage », son sixième roman depuis « La mort dans les bois » en 2008, démarre sur des bases prometteuses. Dans la grisaille et le froid dublinois, une jeune inspectrice très volontaire tente de faire ses preuves à la brigade criminelle. Ses collègues masculins prennent plaisir à l’humilier, à saboter ses enquêtes, à cracher dans son café dès qu’elle a le dos tourné. Elle fait front en serrant les dents, de quoi s’attirer la compassion du lecteur.

Coups de gueule

Associée à un autre inspecteur débutant, doté d’une patience d’ange, on l’envoie sur un crime passionnel, une jolie blonde battue à mort chez elle alors qu’elle préparait un dîner romantique. L’affaire semble trop simple. La jeune fliquette énervée ne veut pas penser comme ses aînés et les défie en multipliant les coups de tête et les coups de gueule. A ce stade, on a envie qu’elle fasse triompher la cause des femmes autant que la justice. Les ingrédients d’une tension fructueuse sont en place.

Personnages outrés

Et puis, petit à petit, la machine se grippe. La jeune policière têtue change plus souvent d’intuition que de tailleur. Elle n’est plus qu’une boule de réactions épidermiques et de volte-face dont on finit par perdre de vue la logique. Son crédit de sympathie fond à chaque nouvel accès de colère. L’icône féministe des premiers chapitres se révèle une franche tête à claques. Et puis, on a beau savoir les Irlandais bavards, les interrogatoires des suspects et les dialogues entre policiers s’étirent de façon interminable : c’est qu’il s’agit à chaque fois de détricoter la fausse piste dans laquelle l’héroïne s’est fourvoyée. Pour ne rien arranger, Tana French a chargé ses principaux personnages d’une même dose d’outrance. Elle peine même à nous faire aimer la victime. Sur plus de 550 pages, le suspense vire au chemin de croix pour le lecteur. On veut croire qu’elle peut mieux faire, sans laisser cette  impression de tirer à la ligne.

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 Les internautes l'ont lu
on n'aurait pas dû

Deux ans qu’Antoinette Conway est dans la brigade criminelle de Dublin et encore aujourd’hui, personne ne la prend au sérieux. Brimades, bizutages, coups bas sont son quotidien. Pour la jeune femme au tempérament de feu, le point de rupture n’est plus très loin.
Alors qu’elle et son partenaire Steve Moran sont sur le point de terminer leur service de nuit, leur patron les charge d’une nouvelle affaire de violence conjugale.
A priori, l’enquête devrait être bouclée rapidement, tout laisse penser à une querelle d’amoureux qui a mal tourné. Aislinn la victime, est retrouvée apprêtée à son domicile, aucune effraction, la table est dressée pour deux et le corps de la jeune femme est étendu près de la cheminée.

Pourtant, les deux inspecteurs vont devoir faire équipe avec un chaperon plus expérimenté, qui va user de son influence sur l’inspectrice pour faire porter le chapeau au nouvel ami de la victime.
Si la diplomatie n’est pas le point fort d’Antoinette, elle est pugnace et pointilleuse, et elle compte bien mener son enquête à sa façon, d’autant qu’elle est persuadée que la victime ne lui est pas inconnue…

D’emblée, il faut savoir que ce roman policier est un pavé de plus de 500 pages, qui trouvera certainement son lectorat auprès de ceux qui aiment se retrouver au coeur d’une enquête policière. J’entends par là, découvertes et recherches d’indices, de nouvelles preuves, interrogatoires, questionnements,…
Par contre, si vous aimez que ça dépote, les rebondissements et le twist final qui vous laisse bouche bée, vous risquez de trouver cette enquête sans fin. Le roman est vraiment à l’image d’une enquête : on découvre, ça avance lentement, on revient sur des éléments déjà abordés, on interroge encore et encore, le tout avec de très longs dialogues.

Pourtant plusieurs éléments intéressants dans ce roman. A commencer par le thème du sexisme au sein de la police, poussé à l’extrême. Et puis et surtout le personnage assez complexe d’Antoinette. Elle a ce côté déterminé et combatif où elle compte bien trouver sa place dans cette brigade ; et en même temps, derrière son humour mordant, on a une femme à fleur de peau, qui n’a pour seul allié son partenaire.
Et puis au fil de la lecture, on finit par se poser des questions, à savoir si le roman ne va pas prendre une tournure plus psychologique. Est-ce qu’Antoinette est réellement persécutée par ses collègues ou n’est-elle pas tout simplement paranoïaque ? Manipulation dans sa manière de mener l’enquête ou changement de fusil d’épaule au dernier moment pour aller dans le sens de ses supérieurs et sauver son poste ?

Le personnage d’Antoinette et le binôme qu’elle forme avec Steve est assez intéressant mais j’aurais peut-être apprécié cette lecture avec une grosse coupe de 200 à 300 pages…

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