Une confession
John Wainwright

Sonatine
mars 2019
270 p.  20 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
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Parti de rien, John Duxbury est aujourd’hui à la tête d’une imprimerie florissante.
Marié à Maude, un mariage qui aujourd’hui n’en est plus qu’un que sur le papier, John considère sa vie comme banale, moyenne. Le soir il se confie à Harry son fils et associé, à travers un journal intime, sorte de confession post-mortem.
Des vacances, John ne connaît pas. Il se complaît dans son travail. Pourtant sur une idée de son fils,
le couple Duxbury décide de partir quelques jours. Des vacances qui font être les derniers jours de Maude.
Alors que l’enquête révèle une chute accidentelle, un témoin se manifeste et vient tout remettre en question…
Simple accident ou meurtre parfait ?

Si le ton et le style de l’écriture de ce roman sont très actuels, il faut garder à l’esprit qu’Une Confession a été publié dans les années 80 et que cette édition est une première en France. Nous sommes donc dans un polar dit “à l’ancienne”.

Une Confession qui va se faire entendre à travers trois voix. Duxbury, essentiellement à travers son journal intime, Raymond Foster, qui va s’avérer être un piètre témoin au passé trouble ; et Harry Harker, chargé de tirer toute cette histoire au clair, le genre d’enquêteur à qui on ne la fait pas, un vieux de la vieille qui n’en démord pas, quitte à franchir certaines lignes rouges pour arriver à ses fins.

Je ne saurais dire si Cette Confession a été pour moi un roman où arriver à la dernière ligne, j’ai d’ores et déjà pu me dire si j’ai aimé ou pas. L’histoire a cependant peu à peu lentement mûri. Mais il est clair que John Wainwright manie à la fois élégance et subtilité, où le caractère de chaque personnage est minutieusement travaillé.

Tout tourne autour de la vérité et pas uniquement autour de la disparition de la femme de Duxbury. De la vérité de qui nous sommes vraiment, de nos choix, de nos vies.

Bon et on en tire quoi de cette confession ? Et bien que ça fait du bien de se (re)plonger de temps en temps dans les polars “à l’ancienne”, et de constater que malgré les années, le ton et le style n’entachent en rien ce roman et que les polars d’hier n’ont décidément rien à envier à ceux d’aujourd’hui.

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Eternel Simenon

Le roman policier n’est pas en soi un genre après lequel courir à en perdre haleine. Son occupation étant principalement la résolution d’une énigme, il régale les enfants ou les paresseux, mais ne rassasie que difficilement le vrai lecteur.
Qui a tué qui? Oui, et alors, et après?
Relire Agatha Crhistie passés 30 ans relève du dilettantisme.
Non, on préfèrera et c’est normal le roman dit « noir » au roman policier. Qui a tué qui, oui, mais bien plus encore. Comment le crime naît du ventre généreux de la société, de toutes les sociétés.
Christie, donc, non, pas plus que Connelly d’ailleurs, pas plus, que, baissons d’une ou deux gammes, Minier ou Bussi.
Mais Simenon, oui. Parce que Maigret, mais pas que, mais surtout pas que. Parce que ces personnages si dessinés, si ancrés, si soulignés. Simenon oui, pour les vrais romans, les « durs » comme il les appelait, les vrais morceaux de littérature avec des drames dedans.
Simenon, oui, et Manchette, et donc ce John Wainwright, plus Simenon tu meurs, à qui on devait, l’apprend on, le fameux « Garde à vue », en tout cas l’auteur du livre dont le film s’inspira.
« Une confession » surgit donc, tiré de l’absence par un éditeur soucieux de sortir des sentiers battus, là où ses innombrables confrères préfèrent publier au kilomètre, j’ai nommé Sonatine.
« Une confession » passionnante d’emblée et finalement juste un peu à plat au moment d’en finir, tant la résolution d’une énigme nous prive de l’énigme même, définitivement, là où le mystère aurait ma préférence. Non pas que la fin soit ratée, elle aurait pu juste être une fin sans solution. Parce que la mort reste sans solution, globalement.
« Une confession » : un mariage qui bat de l’aile, une mariée qui tombe, s’écrase, un mari qui raconte, se cache et derrière, bien à l’abri, des amateurs d’oiseaux, végétariens, moralisateurs, qui ont peut-être tout vu et qui vont peut-être tout dire à des enquêteurs partagés.
Le crime n’est pas au centre de tout, mais tout est au centre du crime. Rien n’est outré, facile, surjoué dans ces pages, tout est trouble, et ambigu.
C’est difficile, cet art là, de montrer sans en dire trop, de montrer à deviner sans dévoiler.
On parlera de classicisme, je n’y vois que l’expression d’un savoir faire irréprochable. Quelque chose qui s’impose, tout simplement.

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