Une proie trop facile
Yishaï Sarid

Actes Sud Editions
actes noirs
novembre 2015
350 p.  22,50 €
ebook avec DRM 8,49 €
 
 
 
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Radiographie de la société israélienne

Ce roman est étrange, on suit un réserviste de l’armée, qui n’a pas vraiment d’ambition, il travaille comme avocat. Il vient de se mettre à son compte mais ne gagne pas bien sa vie dans son petit bureau. Son ancienne chef Ofra lui confie un jour une affaire d’une plainte pour viol qu’il faut qu’il vérifie. Le côté décalé du personnage est original, la description de la société israélienne est intéressante et très détaillée. Le personnage est désabusé, en marge de la société qu’il juge sévèrement car il a encore un idéal de justice et ne supporte pas la corruption. Le récit évoque l’omniprésence de l’armée, le personnage est lui-même réserviste, le racisme. Il montre aussi les faces sombres de la société avec le radicalisme religieux des parents de la victime, les affaires louches de Shabtaï, la violence. Le portrait de la victime Almog est déroutant, comme un animal pris au piège. On assiste à un tableau de scènes de la société israélienne, assiégée où la violence règne comme la corruption. Les personnages sont atypiques ; l’inspecteur n’est pas vraiment un héros, il est coincé entre son modèle : son père juge intègre mort d’une crise cardiaque et bourreau de travail et son passé, son envie de gagner sa vie. Il est en colocation avec Niva, ancien amour qui squatte chez lui, se défonce et rêve de devenir actrice. Elle utilise ses sentiments et le culpabilise. C’est davantage un roman psychologique, à ambiance même si le suspense est présent avec la recherche de la vérité qui oppose Almog à l’officier arrogant Erez qui nie l’avoir violé. C’est un portrait sévère de la société et de l’armée. La mort qui rôde à tous moment, des personnages cabossés, désespérés comme Lavy, l’unique client, ou le sergent sympathique Koby. Une enquête où la vérité est brouillée car aucun des deux protagonistes ne correspond à l’image que l’ont fait d’eux. J’ai apprécié le côté quasi sociologique, les états d’âmes du personnage principal. Par contre le début est lent à se mettre en place et en dehors de l’évocation de la guerre au Liban il n’y a pas réellement d’action. L’enquête est surtout la confrontation de témoignages, comme dans un roman à l’ancienne, une collection d’ambiances. Donc partez à la découverte de la société israélienne et découvrez l’écriture originale de l’auteur.

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