Fausse note
Guy Rechenmann

Editions Vents salés
azur
mai 2015
270 p.  19,50 €
 
 
 
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coup de coeur

« Voici le récit qui me tombe dessus, à moi, Anselme Viloc. »L’incipit annonce, sans fausse note, une histoire menée avec brio. A l’aise, en parfait connaisseur de ses protagonistes, pavloviens, intimes littéraires, Guy Rechenmann invite le lecteur assidu à la table de ses hôtes appréciés. On retrouve avec délice cette familiarité de ton et les actions perfectionnistes. L’empreinte poétique « Les trembles frémissent, le vent du sud s’amuse. La table est à l’abri entre ombre et soleil, certains couverts scintillent, gênant, qui sait, deux écureuils jouant à cache- cache à un jet de gland. » affirme une écriture habile et joueuse. L’auteur confirmé délivre une histoire poignante, sincère, plus que plausible. Le style semble le copier -coller d’un cahier du jour qui n’a pas dit son dernier mot.
Ce roman est un cri, un rappel aux souvenirs ténébreux, un journal sans date car perpétuel dans sa douleur d’être. Ici, passe, à pas de neige et de grêle un troisième degré, la pudeur du dire sans vaciller, le filigrane d’un concert qui aurait pu voir son jour de gloire, si les hommes ne s’étaient pas trompés de jour. Stable, digne, constant, « Fausse Note » relie une intrigue policière, l’inavouable, la vengeance et ses conséquences. Le flic préféré des lecteurs : Anselme Viloc déterminé et intuitif va remonter le fil du temps. Prenante et percutante, cette histoire élabore l’envergure mémorielle. Le lecteur est plongé tour à tour dans ce passé sombre où l’enfant écartait le voile noir de l’horreur emplit de courants d’air afin d’élever l’astre musical bien plus loin que la barbarie. « Le Petit homme a rayé le 22/12 sur le calendrier, peu importe le jour. » « Il est 18h10, il fait noir et l’appel des déportés a commencé depuis plus d’une heure…. »
« Fausse Note » ne dérive pas. Maîtrisé ce roman policier du haut de la cabane de pêcheur inspirante et fidèle, où Anselme Viloc puise les évènements, les faits et ses conséquences est empreint d’un vif et respectable régionalisme. Et lorsque la vague toute en italique vêtue réapparaît « Des flocons de cendres déjà dans le ciel azur non loin de la colonne de fumée voltigent déjà dans le ciel azur, non loin de la colonne de fumée… »le tourment tempête et frappe les volets du temps de sanglots longs, éternisant la lutte pour une rédemption certaine. Ce roman est une bravoure. Sa réussite est telle que l’alliance entre notre contemporanéité et l’époque lugubre ornée d’une lettre Z et de quatre chiffres 5102 transforme ce récit en devoir de mémoire. Sa capacité des dires, son apaisement grâce à Anselme Viloc qui cherche et trouvera, évite le pathos, car dans les lignes se situe la grandeur. La biographie de Charles Rechenmann en pages finales (24/08/1912.15/09/1944.) est un hommage et son sublime fait monter une « Fausse Note » dans les yeux. Reste longtemps après la lecture le regret de n’avoir pu rencontrer en vérité Charles Rechenmann sur la place des Grands-Hommes, fauché en plein vol. Reste la plaque mémorielle et son éternité. Publié par Les éditions Vents Salés. Merci Guy Rechenmann pour cette écriture loyale, et ce roman né du fond de vous-même.

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