Agathe
Anne Cathrine Bomann

traduit du danois par Inès Jorgensen
La peuplade
août 2019
160 p.  18 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
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coup de coeur

« Agathe » de Anne Cathrine Bomann
est le coup de coeur de la Lison à Lille
dans le q u o i  l i r e ? #81

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L’Epiphanie des rencontres

Empreint de gravité, d’une authenticité hors norme, « Agathe » de Cathrine Bomann est une étoile de mer. On voudrait garder ce récit en soi, à l’éternel dédié. Un premier roman dites-vous ! Quelle force ! Quel poids ! Un levier magnétique s’enclenche dès l’incipit. « Je regardais par la fenêtre, assis dans mon salon, lorsque c’est arrivé » Voici une invitation à l’universelle alliance des rencontres hédonistes. Tout est beau dans cette écriture aérienne, sans ce trop-plein qui déborde et qui pourrait lasser. Ici, se dévoile, un hymne d’intelligence et de criante vérité. Pas de pathos, d’ennui, ce récit à double lecture écarte les poussières sous le tapis avec brio. Le narrateur de 72 ans est un psychanalyste qui compte les jours restants à effectuer dans son cabinet en nombres d’heures de séances. « Les seules choses que je pouvais être certain, n’étaient-ce l’angoisse et la solitude ? Pathétique. Je suis exactement comme eux, pensai-je… » Dans ce personnage il y a le protagoniste de « Mes amis » de Bove. Glissant sur la vie comme sur une savonnette, encerclé de souffrances, d’un habitus où l’essence même n’est plus. Agathe Zimmerman, allemande, souffrante va frapper à la porte du cabinet. Forcer la porte paraboliquement. Un roseau frêle, pétri de douleurs. Une jeune femme très malade, belle si belle. Il ne sait plus le Dire, ne croit plus en lui, ses doutes sont vifs et tragiques. Et pourtant ! Cette jeune Agathe dont l’aura crayonne des notes salvatrices en douce pour son psychanalyste va créer un prodige. Nous sommes dans cette dimension où la fusion des manques est régénératrice. Tout se passe dans un silence et des non-dits, dans l’attente fiévreuse d’une guérison pour Agathe. Sortira t’elle du sombre de son puits ? Et lui « Lorsque le réveil sonna, j’en fus réduit à une série de routines accomplies avec balourdise. » Va-t-il rejoindre la rive d’une vie réalisée ? Il y a la teneur d’ « Amélie Poulain » dans ce récit. Le gris est une fusion de couleurs qui va éclore en invisibilité. Subséquemment, à l’instar d’une analyse métaphorique, la magnificence verbale de l’auteure posée, si posée va œuvrer à « L’Ere des Petits Riens ». Une tarte aux pommes parabolique, (je n’en dirai pas plus) va transformer les chenilles en papillons de lumière. Un lieu, un café pourtant si anonyme, échappé du terne, sera la caverne des retrouvailles intérieures. La sincérité de l’instant, l’apothéose des gestes en épiphanie allouée. Publié par les Editions La Peuplade, ce roman culte est à lire tous les temps.

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