Americanah
Chimamanda Ngozi Adichie

Folio
folio
avril 2016
704 p.  9,10 €
ebook avec DRM 8,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Ce roman est tellement dense (680 pages, 55 chapitres) que je ne sais par où commencer !

Si, je vais déjà dire qu’il est formidable et que j’ai adoré cette histoire à cheval sur le Nigeria et les USA.

Les premiers chapitres nous racontent la vie de la jeune Ifemelu à Lagos. Elle est intelligente, bien décidée à poursuivre des études supérieures. Mais la situation politique de son pays (professeurs non payés, grèves des universités à répétition) fait qu’elle part, après l’obtention d’une bourse, étudier à Philadelphie.

Ifemelu est heureuse de partir même si elle doit être éloignée pendant de longs mois de son amour de jeunesse, Obinze, avec qui elle compte bien se marier.

Aux Etats-Unis, la jeune femme va découvrir le racisme, l’importance de la couleur de sa peau, les relations entre Africains et les Afro-américains, le sort réservé aux Noirs dans une Amérique où la ségrégation est soit disant abolie.

Obinze, lui, n’a pas pu obtenir de visa pour la rejoindre. Alors, il va tenter sa chance à Londres. On découvre avec lui le sort réservé aux sans papiers, les trafics et les réseaux organisés pour exploiter ces gens.

Il y a un passage qui m’a interpellée alors que notre gouvernement fait des annonces de « tris » de réfugiés avant leur arrivée en France : » Alexa, et les autres invités comprenaient tous la fuite devant la guerre, devant la pauvreté qui broyait l’âme humaine, mais ils étaient incapables de comprendre le besoin d’échapper à la léthargie pesante du manque de choix. Ils ne comprenaient pas que des gens comme lui, qui avaient été bien nourris, n’avaient pas manqué d’eau, mais étaient englués dans l’insatisfaction, conditionnés depuis leur naissance à regarder ailleurs, éternellement convaincus que la vie véritable se déroulait dans cet ailleurs, étaient aujourd’hui prêts à commettre des actes dangereux, des actes illégaux, pour pouvoir partir, bien qu’aucun d’entre eux ne meure de faim, n’ait été violé, ou ne fuie devant des villages incendiés, simplement avides d’avoir le choix, avide de certitude. »

Après avoir séjourné 13 ans aux USA et avoir obtenu la nationalité américaine, Ifemelu choisira de revenir vivre à LAGOS et vivra à nouveau une sorte de déracinement. Son pays a bien changé, elle s’est habituée à vivre d’une autre façon.

Ce roman est à lire absolument !

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coup de coeur

Un très grand roman !

N’ayons pas peur des mots, cet « Americanah » est un grand roman. Dense, foisonnant, émouvant, intelligent. De ceux qui nous surprennent en cours de lecture, qui nous ouvrent les yeux, qui provoquent quelques exclamations ravies – Oh oui, elle a raison, c’est tout à fait ça – et nous font passer du sourire aux larmes aussi vite que d’un continent à l’autre. Je viens de goûter quelques jours magnifiques en compagnie d’Ifemelu et Obinze et je ne les oublierai pas de sitôt.

Une « Americanah » c’est ce qu’est devenue Ifemelu, une jeune nigériane, après quinze années passées sur le sol américain ; pourtant, le Nigeria lui manque au point qu’elle envisage son retour à Lagos au moment même où tout semble lui sourire. Lorsque nous faisons sa connaissance, elle s’apprête à laisser derrière elle, l’homme parfait avec lequel elle vit depuis plusieurs années et sa bourse de recherche à Princeton, portée par l’envie de retrouver ses racines et aussi Obinze, son premier amour qu’elle n’a jamais oublié. Malgré les succès et le chemin parcouru, l’attraction est trop forte, plus forte que la peur de devoir tout recommencer.

A la difficulté rencontrée par tout un chacun de trouver sa voie et de s’épanouir dans une vie choisie s’ajoutent ici les contraintes liées à la situation d’immigrant ; les parcours respectifs d’Ifemelu et Obinze, elle aux États-Unis et lui en Angleterre sont l’occasion d’un éclairage à la fois cruel et juste sur les obstacles à franchir. Réussite ou échec, ce qui a longtemps fait figure de rêve peut s’avérer finalement très décevant. Et le chemin peut être long avant d’arriver à savoir ce que l’on a vraiment au fond du cœur et ce à quoi l’on aspire.
Il est beaucoup question de race, tout simplement parce que Ifemelu, en arrivant en Amérique découvre par la même occasion qu’elle est noire. En Afrique, on est Nigérian ou Guinéen mais ailleurs, on est blanc ou noir. Avec en plus quelques subtilités tels les noirs américains que l’on différencie des africains… Ironie du sort, c’est en tenant un blog satirique sur la question de la race qu’Ifemelu se fait connaître au point de devenir une conférencière influente dans les milieux universitaires et économiques. Façon subtile, pour l’auteur de faire passer un certain nombre de messages à travers cet observatoire sociologique et comportemental. Ce qui nous vaut quelques passages grinçants et ironiques qui n’épargnent personne.

Au fil des pages, l’occasion nous est donnée de mieux appréhender ce qui forge un individu, de son environnement et sa culture de base à son parcours personnel, en passant par les influences auxquelles il est soumis. Ifemelu commencera à vraiment comprendre les États-Unis seulement après avoir lu les grands auteurs américains. Et après le temps de « l’assimilation » viendra celui de l’affirmation de sa propre personnalité. Une affirmation qui passe beaucoup par la coiffure, symbole choisi par l’auteur pour éclairer cette quête de soi ; rien d’étonnant à ce que le premier geste d’Ifemelu lorsqu’elle choisit de rentrer au Nigeria soit de se faire tresser les cheveux, habitude qu’elle avait abandonnée pour mieux coller aux codes d’une certaine classe américaine.

Sans aucun temps mort, l’auteur transporte son lecteur entre Europe, Afrique et Amérique où chaque protagoniste fait face à son lot de difficultés mais également de découvertes autant sur les autres que sur lui-même. En toile de fond, le Nigeria, fragile démocratie entre tradition et mondialisation où nombreux sont ceux qui rentrent, forts de leurs expériences européennes, américaines ou même asiatiques. Mais également les États-Unis d’Obama qui n’arrivent pas à juguler le racisme ambiant. Avec en fil rouge, la très belle histoire d’amour entre Ifemelu et Obinze, rendue plus poignante par les épreuves traversées.

Un superbe livre, que l’on dévore et dont on apprécie autant la trame romanesque que le témoignage qu’il livre sur une époque. Mon premier coup de cœur de l’année !

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coup de coeur

Brillant

« Americanah« , c’est l’histoire d’Ifemelu et d’Obinze, qui tombent amoureux l’un de l’autre alors qu’ils sont adolescents, au Nigeria. Ifem part continuer ses études aux Etats-Unis, elle y restera quinze ans, pendant lesquels Obinze passera quelques temps à Londres avant se marier et de devenir papa, au Nigeria. Dans une chronologie un peu éclatée, on accompagne leurs vies respectives en se coulant au plus près de chacune de leurs pensées – et elles contiennent le monde…. « Americanah » c’est un roman dont je savais qu’il allait me plaire à travers ce que j’en avais entendu et lu, mais je ne m’attendais pas à l’aimer à ce point. Résolument contemporain, éclatant de modernité et attachant en diable, je l’ai lu avec une avidité qu’aucune phrase n’a prise en défaut. Ifemelu et ses blogs, ses cheveux, son poids, Obinze et ce petit côté rigide, l’émigration au quotidien, tous les ostracismes et cette manière, que j’apprécie tant, de proposer sous un texte limpide un fond solide et consistant. Un roman qui donne envie de lire Chinua Achebe (Le monde s’effondre), Barack Obama (Les rêves de mon père), Gail Jones, Evelyn Waugh (Retour à Brideshead), James Baldwin, et enfin bien sûr Graham Grene (Le fond du problème).

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