critique de "Aquarium", dernier livre de David Vann - onlalu
   
 
 
 
 

Aquarium
David Vann

Editions Gallmeister
octobre 2016
280 p.  23 €
ebook avec DRM 8,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

ARÊTES

On est jamais tout à fait tranquille chez David Vann. C’est peut-être d’ailleurs une des missions de l’écrivain : vous pousser dans quelques retranchements infréquentés, inconfortables, peu souhaitables, vous emmener vers le dégoût parfois, ou l’extase. David Vann, l’air de rien, toujours, y parvient à merveille. Son écriture tendue, économe, sèche, vous prend par la main, assez patiemment, et vous vous laissez entraîner au fond des bois, sur une île courte ou dans un aquarium géant, vous vous asseyez, vous profitez, vous vous installez. Rien ne vous laisse penser, de prime abord, de ce qui adviendra bientôt. David Vann est quelque part une sorte de pervers, élégant et sensible, qui n’épargne ni torture ni souffrance, ni à ses personnages, ni donc à ses lecteurs. Ses natures sont sauvages, franches et isolées, ses joies sont minces, conquises de haute lutte, à l’arraché, souvent. La souffrance est là. Le manque. Le doute. La peur.
L’amour manque, se paie cher. S’excuse. N’est pas excusé. Est dû.
L’écrivain raconte des histoires qui ne sont, au bout du bout, que la sienne.
Ici, donc, une petite fille contemple les poissons d’un aquarium. A ses côtés un compagnon de visite, sympathique et prévenant. Un vieux monsieur. L’âge d’être son grand père.
Derrière ces poissons féroces, pittoresques, dangereux ou discrets repose une autre vérité, plus adulte, plus dure, plus impitoyable.
On peut dire ça comme ça. Ce qui demeure, ce qui s’impose, c’est que quand David Vann vous fait quitter l’aquarium, ses ailerons et ses nageoires, ne reste alors plus grand chose en terme de quiétude, dé félicité et de bien être. Plus grand chose pour empêcher de se briser le monde du silence.

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