Au loin
Hernán Diaz

traduit de l'anglais par Christine Barbaste

septembre 2018
277 p.  8,10 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Cet ouvrage est le coup de cœur de la librairie Tropismes à Bruxelles dans le numéro 43 de notre rubrique hebdomadaire  q u o i  l i r e ? ici

Far East

Hernan Diaz, finaliste du Pulitzer aux Etats-Unis, vient de remporter le prix Page/America pour son formidable premier roman inspiré à la fois de la nature writing (littéralement « écriture de la nature ») et du western. Dans ce roman d’apprentissage cruel, triste, réaliste et magique, on trouve tous les ingrédients du grand roman américain tel qu’on l’aime, mais originalement détourné de ses codes et de ses mythes.

De la Suède à l’Amérique

Fuyant la misère de la Suède, le jeune Hawkan et son frère aîné Linus partent pour les Etats-Unis. On est au 19e siècle, l’époque des grandes migrations vers ce nouvel éden. Mais lors d’une escale, Hawkan perd Linus de vue, se fait détrousser et embarque seul sur un bateau avec un objectif, retrouver son frère à New York. C’est le début d’une série d’aventures et de rencontres heureuses ou funestes avec des personnages inoubliables : des émigrés attirés par les mines d’or californiennes, une patronne de saloon édentée, un naturaliste écossais, des Indiens, des pionniers à la conquête de l’Ouest, des fous de Dieu ou un shérif sanguinaire. Parcourant le pays d’Ouest en Est et du Sud au Nord pendant des années, Hawkan mène une vie errante, apprenant la survie dans la nature, la médecine et le travail des peaux.

Les Etats-Unis : un patchwork d’histoires

Ce roman raconte les histoires et les mythes moteurs des migrations, mais aussi la réalité souvent inhospitalière que dissimulent ces récits fondateurs. Les paysages traversés par notre héros tout au long de sa quête, déserts et forêts, prairies et montagnes, l’éprouvent et le dévorent, en même temps que les colons pillent et domestiquent ce même territoire, bâtissant des cités hostiles à celui qu’on surnomme « le Hawk ». Dans ce pays trop vaste pour lui, le candide Suédois se perd, métamorphosé par la rumeur et les colportages en géant sauvage affublé de tous les fantasmes. L’écriture de cette traversée à rebours de l’Amérique par un fugitif insaisissable qui grave sa propre légende dans les mots des autres, voilà un écho borgésien remarquable. Un énorme coup de cœur !

partagez cette critique
partage par email