BAGDAD, LA GRANDE EVASION !
Saad Z. Hossain

Agullo
avril 2017
300 p.  22 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 
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Le Bagdad de Saad Hossain

Amis lecteurs, oui, vous tous là, venez avec moi, on va entrer dans cette librairie pour avoir quelques bons conseils. Qu’en pensez-vous ? Oui ? Je vais poser les questions…
– Bonjour, je cherche un livre drôle.
– Prenez « Bagdad, la grande évasion ! »
– Sinon, je cherche aussi un livre qui fasse réfléchir.
– Prenez « Bagdad, la grande évasion ! »
– Ou, tenez, un livre qui parle du réel à travers l’absurdité d’une fiction…
– Prenez « Bagdad, la grande évasion ! » !
– Ou un livre qui utilise les codes du western, peut-être
– Un « Bagdad, la grande évasion ! » peut-être
– Et dans le genre ésotérico-alchimique, vous auriez quoi ?
– « Bagdad, la grande évasion ! » ?
– Un livre un peu shakespearien qui parlerait de vengeance et d’honneur, là ça va être plus dur…
– Facile ! « Bagdad, la grande évasion ! »…
– Mais ma parole vous n’avez qu’un seul livre ?
– Non, mais celui-ci est un livre total qui présente aussi la particularité de n’en être pas pour autant un récit fouillis où le lecteur se perdrait et pourtant il y aurait de quoi. Ecoutez plutôt cette quatrième de couverture. Pour une fois qu’un tel exercice correspond à 150 % au contenu du livre, ce serait dommage que je ne vous la livre pas (ah ah !) tel quel : « Prenez une ville ravagée par la guerre : Bagdad, 2004. Prenez deux types ordinaires qui tentent de survivre ; ajoutez un ex-tortionnaire qui veut sauver sa peau, un trésor enfoui dans le désert, un GI bouffon mais pas si con. Incorporez un fanatique religieux psychopathe, un alchimiste mégalo, une Furie et le gardien d’un secret druze. Versez une quête millénaire dans un chaos meurtrier chauffé à blanc ; relevez avec sunnites, chiites, mercenaires divers et armée américaine. Assaisonnez de dialogues sarcastiques et servez avec une bonne dose d’absurde. » Vous liez tout cela avec une plume d’une rare efficacité dans tous les registres et une intelligence de la structure narrative parfaitement maîtrisée et vous obtenez la recette d’un livre qui devrait être lu par tout le monde parce qu’il est protéiforme et parce qu’il est parfait. Et encore, je vous ai fait grâce de la petite touche géniale de l’éditeur qui vous donne, sur le rabat du bandeau, le casting du livre ! Ils sont brillants que je vous dis. Ecoutez plutôt : le bon (je vous donne les noms en plus : Dagr), la brute (le colonel Hamid), le truand (Kinza), le bouffon (soldat Hoffman), la femme fatale (Sabeen), le fanatique (Hassan Salemi), le génie du mal (Avicenne, l’alchimiste), le martyr (Afzal Taha surnommé le Lion d’Akkad) et l’esprit vengeur (Mère Davala).
– Dites-moi, ça ne fait pas trop de monde tout ça ? On ne s’y perd pas un peu ?
– Bien sûr que non ! Tout cela est peut-être bien secoué (au sens littéral et au deuxième degré), comme dans un shaker, mais c’est fait avec science, à croire que l’auteur est lui-même un peu alchimiste des mots, un peu artificier des idées. En tout cas, on sent que Saad Z. Hossain a beaucoup lu et qu’il a lu intelligemment : il a assimilé tout ce qu’il a lu et en plus il est capable de tout restituer dans un livre qui ressemble à tout sauf à un salmigondis.
– Vous me paraissez bien dithyrambique sur ce livre.
– Mais réalisez-vous que vous avez là un livre « somme » qui traite aussi bien des jeux de pouvoir que de ceux de la religion, parle aussi bien des systèmes que de la politique, qui aborde aussi bien les sujets douloureux de la guerre et de la corruption que ceux de la dérégulation ou le libre arbitre, la manipulation ou l’atavisme, tout à la fois par l’absurde, le cynisme, le réalisme, à travers des situations ou des dialogues ciselés, par l’entremise de références multiples au mythe de Frankenstein, aux aventures homériennes ou arthuriennes, aux codes du western, du roman épique, de la fable et du conte ? Non franchement, je ne comprendrai pas que ce roman ne fasse pas un tabac. Et puis, s’amuser autant mais aussi intelligemment, ça devient rare de nos jours… Et puis, je suis libraire, je me bats pour ce en quoi je crois…

Amis lecteurs, ce n’est pas parce que je suis visiblement plusieurs dans ma tête que ce que je dis n’est pas la plus stricte vérité !

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