Crème anglaise
Kate CLANCHY

10 X 18
Feux croisés
mars 2014
336 p.  7,80 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Londres nous voilà

Struan est un cœur pur. Une espèce d’ingénu. Il est écossais et, à 17 ans, n’a jamais dépassé les frontières de son pays, voire de sa ville. Il est aussi brillant et l’un de ses professeurs, impressionné par ses talents multiples, lui suggère de réfléchir sérieusement à une petite annonce qu’il a repérée : « Géant de la littérature recherche jeune homme pour pousser sa chaise à roues. Logé, nourri, chambre individuelle à Hampstead. » Ce géant de la littérature n’est autre que Philip Prys, un auteur victime d’un AVC, que Struan a lu et qu’il admire. Hampstead est un quartier chic de Londres. Il n’y a pas à hésiter. Le voici débarqué dans cette ville légendaire qui ne ressemble en rien à ce qu’il avait imaginé : les passants ici ne sont ni excentriques, ni très affables. Il ne perd rien pour attendre. En arrivant dans la famille du dramaturge, il comprendra vite que les Londoniens sont assurément des individus très étranges. Naïf, serviable, il ne veut juger personne, ni la cupide ex-femme de Philip, ni sa fille, obèse et sournoise, ni la nouvelle épouse, jeune, belle et mystérieuse, ni même Philip avec qui il tente de communiquer. Tandis que Struan évolue pas à pas et qu’il commence à comprendre la complexité des êtres, le monde, lui, se métamorphose. Nous sommes en 1989, l’année où les murs s’écroulent et les tyrans sont fusillés. L’année d’une terrible canicule où peu à peu les masques vont tomber. Et le jeune homme découvrira que derrière se cachent parfois de bonnes surprises.

« Crème anglaise » est un roman drôle et féroce qui raille une société londonienne arrogante, sûre de son fait avec son lot d’enfant gâtés, de femmes vénales, d’égoïstes impénitents. Struan n’est peut-être qu’un provincial qui ne sait ni s’habiller, ni se coiffer, un garçon sans doute un peu désuet, mais son influence, à peine visible, transformera la vie des autres. La sienne en sera, assurément, bouleversée.

Kate Clanchy, née en Écosse, se serait inspirée de sa propre arrivée à Londres à la fin des années 80 pour écrire ce tout premier roman. On comprend mieux pourquoi son ton, moqueur mais tendre, sonne si juste. 

 

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