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« Girl » de Edna O’Brien
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Incroyable Edna O’BrienAu fond, c’est toujours la même histoire : l’oppression des femmes par les hommes, mais aussi la force des femmes sur les hommes. Que ce soit en Irlande (« Filles de la campagne »), en Serbie (« Les petites chaises rouges »), au Nigéria (« Girl »), Edna O’Brien poursuit son combat pour la liberté et l’égalité, le même que celui de ses vingt ans. Elle ne cède jamais à la facilité, même malade retourne au combat, celui qu’elle mène depuis ses débuts avec l’écriture (et quelle écriture) comme arme. Tout le monde se souvient de l’enlèvement de ces lycéennes, en 2014, par le groupe Boko Haram qui, au-delà de l’idéologie, voulait surtout des esclaves sexuelles, des bonnes à tout faire, et éventuellement des mères pour leurs enfants. Se glissant dans la peau d’une de ces adolescente kidnappées, elle raconte la violence, la douleur, la terreur, et le sentiment qu’il n’y a aucun espoir, pas de fuite possible, la sensation que tout le monde vous a oubliée… Pourtant, la narratrice réussira à s’évader avec son bébé, fruit d’un viol. Comment aimer une enfant qui, par sa présence, vous révèle l’horreur que vous avez subie ? Une enfant qui marque le signe de votre déshonneur, de votre complicité avec l’ennemi, vous fait devenir la honte de votre famille, celle-ci vous estimant souillée, et peu importe que vous n’ayez eu aucun autre choix. Ce nouveau roman d’Edna O’Brien est tout simplement incroyable. Non seulement parce qu’il est écrit par une femme de plus de quatre-vingts ans, qui a déserté sa maison-bonbonnière à deux encâblures de Harrod’s, pour aller enquêter sur place. Mais aussi parce qu’elle n’a jamais failli, pas plus cette fois que les précédentes, n’a jamais été prise en défaut de paresse ou de facilité, parce que son talent est aussi puissant qu’au premier jour. Une sacrée femme et une sacrée romancière.
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Une pour toutes
276. Dans ce silence révoltant, Edna O’Brien, par l’entremise de son héroïne, offre un porte-voix au cri désespéré de ces jeunes filles. Une pour toutes. Dans un Nigeria aux prises avec son traditionalisme rural où l’enfance n’est pas un rempart, il n’y a pas de victimes que « des filles du bush ». Edna O’Brien traite son sujet à la manière de Dickens, l’écrivain des opprimés, faisant de Maryam un Oliver Twist nigérian dont l’enfance broyée, « J’étais une fille autrefois, c’est fini », devra subir l’implacable brutalité de la réalité, affronter l’infâme vilenie des hommes et ne pourra compter que sur la sororité pour sa rédemption avec la rencontre les deux figures maternelles que sont Madara et sœur Angelina. |
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