L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir
Rosa Montero

Editions Métailié
janvier 2015
177 p.  17 €
ebook avec DRM 6,99 €
ebook avec DRM 5,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

De l’obscurité à la lumière

Ce livre est un mélange de genres littéraires. De prime abord, on pense avoir affaire à une biographie sur Marie Curie, mais Rosa Montero y évoque délibéremment des faits et des ressentis issus de son existence à elle, usant régulièrement de digressions basculant de l’intime à l’universel.
Quand on lui propose de faire une préface au journal que Marie Curie a écrit suite au décès de son époux Pierre Curie en 1906, l’auteure, qui vient de perdre son compagnon de vie sort de cette lecture bouleversée. Cette mort l’avait clouée au sol, lui enlevant toute inspiration, toute envie d’écrire. Lire le journal de cette femme si admirable et si admirée – elle demeure la seule femme à avoir reçue deux prix Nobel concernant ses travaux sur le polonium et le radium – un personnage tellement impressionnant, un visage impassible, une grande intelligence, une force de caractère, une voix féminine qui a réussi non sans mal à se faire entendre, et qui pourtant souffre intérieurement de cet amour perdu, la confronte avec ses propres tourments. Marie semble tellement sûre d’elle et volontaire qu’on la suppose imperméable à tous les sentiments. Et c’est en parcourant son journal que Rosa Montero voit se consumer un feu ardent sous la carapace dure et inflexible de la scientifique polonaise.
Ce journal va faire écho, va résonner en elle et la mettre sur le chemin de la raison. La mort qui plane sur les mots de l’une et de l’autre se déploient en un enchevêtrement de sentiments : l’horreur, la peur, le vide, le manque, la douleur, le gouffre… et puis, le voile se lève enfin, la vie reprend son cours. Marie, malgré sa blessure profonde continue sa quête scientifique avec une de ses filles, se bat contre les préjugés, gagne sa place dans un monde jusqu’ici réservé aux hommes. Et un nouvel amour surgit éclairant des horizons plus radieux.
La vie de cette femme inspire Rosa Montaro ; elle parle du deuil et de l’absence de l’être aimé, de la nécessité d’avancer, des inégalités entre les hommes et les femmes, de l’amour, du désir.
On découvre le milieu dans lequel a évolué Marie Curie à travers des extraits de son propre journal et des informations glanées par l’auteure sur sa jeunesse, son ambition, sa passion amoureuse pour Pierre, leurs conditions de travail, leurs doutes, leur vie de famille, leurs loisirs aussi, puis la cassure avec la mort de Pierre et la reconstruction.
Un livre qui commence dans l’obscurité et la souffrance et se termine dans la lumière et l’apaisement.
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coup de coeur

La moelle des livres se trouve au coin des mots.

Au départ elle était chargée d’écrire une préface pour un livre sur Marie Curie, et puis sa plume n’entendait pas s’arrêter là. Happée par la fascination qu’exercent la personnalité et la vie intense de cette scientifique incroyable, elle a acheté des dizaines d’ouvrages, a lu lu lu, en a parlé beaucoup, et se lance ici dans une conversation informelle avec le lecteur. En parcourant chronologiquement l’existence de Marie Curie, elle nous parle de ce que ça lui évoque, à coups de hashtags, elle manie les grands concepts et les minuscules détails de nos vies à tous. On est très loin du discours formaté ou de la leçon donnée, on est dans une intimité très chaleureuse, il est impossible de ne pas se sentir furieusement proche de Rosa Montero, on aimerait lui répondre, l’éteindre, la regarder bien en face et lui sourire de toutes nos dents.

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