L'institut
Stephen King

albin michel
a.m.s.king
janvier 2020
630 p.  24,90 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

King Kong

En 2020 est-il encore possible d’écrire une chronique sur Stephen King sans utiliser « maître de l’horreur et du fantastique » ou encore « terrifiant », « cauchemar », « suspense »? Est-il encore possible d’écrire une chronique, ou une critique sur un livre de Stephen King, l’auteur au on ne sait plus combien de millions de lecteurs à travers le monde? A l’automne, voire l’hiver de sa carrière ou de sa vie, le génial ambassadeur du Maine régale encore son lectorat, ses fans, d’un roman par an, dans son inimitable style effroyablement efficace. Un tour de force de la part de celui qui se présentait quasi aveugle il y a une dizaine d’années de cela, buriné par le temps mais pas que, usé, maltraité par la vie, mais finalement toujours debout, deux mains, une tête, un clavier manifestement et deux trois idées pas mal foutues.
Stephen King, devenu sur le tard écrivain important ici bas, en France, où longtemps la petite intelligentsia lui préféra n’importe quel écrivaillon chauve plutôt que de lui reconnaître le moindre talent. Romancier de gares, diront certains, longtemps, avant que subitement tout bascule, que certaine émission littéraire bobo ose l’inviter et le célébrer comme il se devait, comme un vrai monstre avec des morceaux d’effroi dedans, comme un authentique géant des lettres et des histoires qu’elles racontent. Stephen King au panthéon, ça ne se discute même plus, ou presque. Les journaux dits sérieux se fendant de leur compliment obligé à chaque réapparition du maître des mauvais esprits ou des terribles fantômes.
Cet Institut qui nous occupe ce début d’année est une histoire d’enfants doués, don de télékinésie, de télépathie, du déjà donné par King, dans plusieurs de ses romans de jeunesse, et même d’après. Ces enfants à part sont arrachés à leurs familles, emmenés quelque part, ailleurs, au milieu des bois et du secret pour servir quelque oeuvre machiavélique et globale. Les ficelles de nos existences banales sont tirées depuis cet Institut, mais par qui, pour quoi? Le monde va savoir.
On est chez Stephen King, donc on oublie l’ennui, les circonvolutions, les atermoiements, tout ici est conté aux petits oignons, ciselé, méticuleusement façonné. Une histoire raconté par le meilleur des raconteurs. Des conteurs. Et même si on ne tombe pas de l’arbre, même si le meilleur sans doute de cet auteur est derrière lui, reste ce souci de la narration, cette imagination encore fertile, ce désir intact de remettre en histoires le Monde et ses perspectives, cette obsession de ne jamais laissé le réel tel qu’il est.
Stephen King, même aujourd’hui, même après une vie et demi de romans et autant de séries à venir, continue d’engloutir le calme de nos nuits, à grandes bouchées. On en sort parfaitement indemne, mais avec une super histoire à raconter.

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