La Galerie des maris disparus
Natasha Solomons

Le Livre de Poche
février 2016
456 p.  7,90 €
 
 
 
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Tout commence en 1958. Juliet Mortague va avoir trente ans. Elle part en ville pour s’offrir un frigidaire. Chemin faisant elle rencontre un peintre ; Charlie Fussel, et avec les 21 guinées en sa possession elle s’offrira un portrait d’elle en lieu et place du frigidaire. Ce portrait va changer le cours de sa vie et sera le début de son émancipation. Il faut dire que Juliet est juive et vit sous le poids de la tradition de sa communauté. Son sort n’est pas enviable, en effet son mari Georges l’a quittée un an plus tôt, la laissant avec ses enfants Frieda et Charlie. Selon la loi juive, elle est montrée du doigt, c’est une « aguna », elle n’a pas su garder son mari et seul celui-ci peut demander le divorce.
Lorsqu’il est parti Georges a emporté avec lui non seulement de l’argent mais aussi un portrait de Juliet enfant. Ce tableau était très important pour Juliet. Juliet a un don pour trouver des talents. Par le biais du peintre Charlie, elle va avoir l’occasion d’ouvrir la Wednesday Gallery, sa propre galerie d’art. Dans la galerie des maris disparus on part à la découverte du monde de la peinture des années 60 à 2000. Divers peintres vont faire le portrait de Juliet. Le roman est construit de façon intéressante, nous parcourons un catalogue d’expo, chaque tableau est numéroté et reprend une période de la vie de notre héroïne et de sa famille. Une bien jolie galerie de portraits (oui je sais c’est facile) qui nous les dépeint au sens propre comme au sens figuré. Petit à petit à travers chaque toile, c’est une vie qui est racontée, une facette de la personnalité de Juliet. On sent le poids des traditions qui se perpétuent en suivant le destin des enfants de Juliet , l’occasion d’être en immersion avec les traditions juives, les fêtes, les lieux, les cultes et autres recettes culinaires. Un récit frais, original et agréable. Joli récit sur l’émancipation féminine.
Ma note : 8.5/10 Les jolies phrases Quelle importance si une belle femme ne sait pas cuisiner ? Les restaurants ne sont pas faits pour les chiens. Peu m’importe la mode dans les arts car, à vrai dire, j’ignore ce qui est tendance ou ce qui ne l’est pas. Je choisis une oeuvre par rapport au frisson qu’elle me donne. Les tableaux réunis ici ont cet effet sur moi. J’espère qu’ils provoqueront aussi en vous l’impression que quelque chose remue dans votre âme. A vrai dire, je n’ai plus besoin de Dieu, mais je ne peux vivre sans l’art. Son coeur était plein de grisaille comme s’il avait été lavé avec du linge blanc parmi lequel s’était glissée par erreur une paire de chaussettes noires. Ce n’était pas un mensonge puisque j’ignorais la vérité. Penser qu’une chose est vraie n’est pas mentir, n’est-ce pas ? Les secrets les plus faciles à garder sont ceux dont tu ignores tout. Chacun des portraits captait un morceau d’elle. Aucun d’eux ne représentait toute sa personne, mais en montant ou descendant rapidement l’escalier, on traversait une foule de Juliet. Quand nous mourons, nous exhalons ce souffle et nous retournons à la poussière. Mais ces tableaux le contiennent, ce souffle. Ce n’est pas Dieu qui gonfle de vie ces oiseaux roses dans le ciel, ces baigneurs batifolant dans l’eau pure et glacée, mais Charlie, Jim, Max ou Philip. Elle avait cru qu’elle vivrait toute sa vie dans une illustration en noir et blanc jusqu’au jour où elle avait découvert qu’elle était passée dans une autre version de celle-ci, une variante colorée à la main. Max était différent des autres hommes. Mais c’était bien pour cela qu’elle l’aimait. C’était comme s’il manquait un morceau à leur être, celui de Max et le sien. Aucun des deux n’essayait de combler ce vide avec l’autre, mais ils se tenaient compagnie, adoucissant leur solitude respective. L’incertitude est pourtant source d’un certain plaisir.

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