La maison Golden
Salman Rushdie

Actes Sud Editions
romans, nouvell
août 2018
413 p.  23 €
ebook avec DRM 9,49 €
 
 
 
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LA MAISON GOLDEN

Le samedi 15 septembre 2018, il ne fallait pas manquer la visite de Salman Rushdie à Marseille. Un grand événement, tapis rouge déroulé, rencontre prévue entre 15 heures et 17 heures (deux heures seulement ? Eh oui…). Par précaution (car les places sont chères surtout au premier rang), il valait mieux arriver bien plus tôt. 
Salman Rushdie venait pour son dernier livre « La Maison Golden », treizième roman traduit en français).
L’auteur n’a pas changé en gardant son humour, son ironie ainsi qu’un thème qui lui est cher : l’identité.
Il a une supplique : « Obama, s’il vous plaît, revenez. »
Pour ce roman, il le qualifie comme « un roman social réaliste sur le New York des dix – quinze dernières années. » En d’autres termes, une fresque de l’Amérique sur l’ascension politique incroyable de Donald Trump qu’il surnomme « Le Joker. » (Ceci en référence au vilain de la série Batman).
Si parfois, et en particulier dans « Les Versets Sataniques », l’auteur a été assez controversé, ici on dit : « La Maison Golden », ou le triomphe de Salman Rushdie.
L’histoire débute ainsi : « Le jour de l’investiture du nouveau président, alors que nous craignions qu’il fut assassiné tandis qu’il avançait, main dans la main avec sa femme exceptionnelle au milieu d’une foule en délire, et alors que tant d’entre nous étions au bord de la ruine à la suite de l’explosion de la bulle immobilière… » (p.11).
C’est ce jour-là qu’arrive à Greenwich un vieil homme nommé Néron Golden « qui n’était pas vraiment roi », mais petit, un milliardaire avec ses enfants, trois fils adultes : Petronius, dit Petya – Lucius Apuleius, dit Apu et Dyonisos, dit D. Pour des noms pareils, il fallait les trouver ! Par contre où était et qui était sa femme ? On le saura un peu plus tard.
Néron se promenait dans « Les Jardins » et donnait l’impression d’être plutôt amical. Mais il a bien caché son jeu.
Installé dans ce quartier huppé (I know it : I went there me too…), on sait de Néron qu’il est arrivé aux États-Unis après les attentats de Mumbai et que sa femme y a été assassinée. Voilà pour l’épouse.
Néron habite dans un château de style médiéval (quand on porte le nom d’un empereur ! ) en espérant avoir la paix avec journalistes ou photographes.
Je ne vais pas raconter l’histoire bien entendu et ici, il ne s’agissait que du début. Il faudra bien lire les 414 pages de cet ouvrage où l’auteur utilise de nombreuses références, citations en latin, faits réels… Il parle également aussi bien de Gorbatchev que de Chesterton – de Barack Obama que de Klaus Kinski, etc.
Ce que je peux dire, ce qui est ressorti de l’explication du livre, c’est que chacun des personnages représente une œuvre et en particulier avec les fils mais aussi avec la superbe russe Vasilisa qui se joue de Néron.
C’est une saga familiale où le narrateur s’exprime sur divers sujets : la société américaine (problèmes raciaux, sexuels…) – la politique avec le bouleversement causé par l’élection inattendue de Donald Trump.
Salman Rushdie qui est sous le coup d’une fatwa : « L’ayatollah Khomeini, le Guide de la révolution islamique condamne à mort l’écrivain britannique le 14 février 1989 et appelle tout bon musulman à l’exécuter, où qu’il le trouve. », n’hésite pas à évoquer le fanatisme et le terrorisme, surtout les attentats qui ont touché Bombay, marquant le point de départ de ce dernier ouvrage.
Je sais qu’il a de nombreux détracteurs (qui bizarrement le lisent quand même). Il n’empêche que c’est un grand personnage, très enjoué, qui manie l’humour avec délice, qui a une très grande intelligence mais qui sait rester à l’écoute de ceux qui veulent lui parler : il prend son temps et adore discuter en se moquant de la file d’attente pour les dédicaces.
Bref, deux heures, c’était trop peu. On aurait pu passer l’après-midi et la soirée que cela n’en aurait été que mieux. Mais problème de timing oblige. C’était vraiment « the place to be ».
Concernant l’ouvrage, même si parfois on a envie de sauter quelques petites pages (dommage), on ressent bien de l’amusement avec cette saga Golden. On se divertit mais je comprends que certains soient un peu insatisfaits car il y quelques accumulations, parfois cela semble un peu hétéroclite. Quant aux allusions à la littérature ou cinématographique, elles ne paraissent pas très bien s’adapter au texte, quoique, si on réfléchit…
Mais allez donc savoir avec un homme tel que Salman Rushdie ! C’est peut-être ce qu’il attend car il joue avec le lecteur.
En quittant l’écrivain, on garde en tête son sourire un brin amusé, des yeux rieurs, une présence formidable et qui rayonne tout autour de lui.
Alors, quand je lis que : »Avec « La Maison Golden», Salman Rushdie signe une formidable saga, je réponds : « Yes, it is. »
J’ai aussi relevé que pour « « La Maison Golden », le livre avait raison. »
Quand on lui pose la question de savoir si, lors de l’arrivée DU Donald Trump comme président, il n’a pas eu envie de quitter ce pays, sa réponse est catégorique : « Non, non, non… L’Amérique ne se réduit pas à Trump. Et j’adore ma vie à New York (…) vous ne quittez pas un pays parce que son Président ne vous plaît pas. »
Puisqu’il faut conclure, je vais d’abord retranscrire les dernières phrases du livre : »Les personnes, l’homme, la femme, l’enfant, deviennent secondaires. Seul demeure le mouvement tourbillonnant de la vie. »
Jolie conclusion non ? Un signe d’espoir ?
Pour ma part, je vais dire que je reste acquise à la cause de cet auteur (même si des ouvrages présentent quelques défauts – mais là il n’est pas le seul) et chacun ses goûts.
Vous l’avez compris, j’ai aimé ? ce livre et je lui mets cinq étoiles !⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

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Une famille en or

Ne vous fiez pas à la couverture colorée du treizième roman de Salman Rushdie, ce n’est pas un roman joyeux. Né en Inde, l’auteur érudit des « Versets Sataniques » vient d’adopter la nationalité américaine. La fiction, dont le thème central est celui de l’identité, se déroule à New York. Notre narrateur est un jeune homme belge (!), René Unterlinden, qui souhaite devenir cinéaste. Habitant de Greenwich Village, René fait la connaissance de ses nouveaux voisins indiens : un millionnaire énigmatique prénommé Néron et ses fils Apu, Petya ainsi que Dionysos; la famille Golden. René va peu à peu découvrir pourquoi cette famille a subitement quitté l’Inde et qui est le patriarche. Malheureusement, en se rapprochant de la famille Golden, René va tomber dans le piège tendu par la nouvelle femme de Néron; une femme venimeuse, manipulatrice et vénale. L’intrigue est passionnante mais la lectrice se trouve constamment confrontée à l’actualité, aux pensées de René et à toutes sortes de références cinématographiques, littéraires, historiques et mythologiques. Si vous n’avez pas lu l’équivalent d’une bibliothèque de quartier (et ses dictionnaires), la lecture pourrait s’avérer compliquée. Cependant, ce roman, en lien avec la tragédie grecque, s’intéresse à la question du mal dans un style à la fois drôle, ironique et tragique. Peut-on être quelqu’un de bien et trahir ? Un roman à suspense qui questionne l’Amérique d’aujourd’hui.

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