La Neuvième Heure
Alice McDermott

traduit de l'anglais par Cécile Arnaud
Quai Voltaire
quai voltaire
août 2018
288 p.  22,50 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Une petite merveille de générosité

Après avoir poussé Annie, sa femme, hors de la maison, la persuadant d’aller faire quelques courses avant la tombée de la nuit, Jim a ouvert le gaz. Il s’est tué et il s’en est fallu de peu qu’il ne fasse sauter tout l’immeuble. Jim n’en était pas à son coup d’essai, il souffrait d’une mélancolie lancinante. Son licenciement a mis le feu aux poudres. Mais dans cette communauté irandaise très catholique de Brooklyn, le péché s’ajoute au chagrin. L’église condamne le suicide et le malheureux qui décide d’en terminer est promis aux flammes de l’enfer. Il n’a en tout cas pas le droit d’être enterré dignement et religieusement. Dorénavant, sa jeune veuve, enceinte, devra se débrouiller seule, avec le soutien bienveillant des sœurs du couvent tout proche de chez elle, qui l’ont recueillie comme l’une des leurs ou presque, lui ont proposé d’avancer pas à pas, d’aborder les problèmes les uns après les autres, la protégeant avec suffisamment de délicatesse pour ne pas avoir l’air de lui faire la charité. Son enfant, Sally, va grandir dans la buanderie entre sa mère qui y travaille, et les religieuses qui la considèrent comme la fille qu’elles n’auront jamais, au point de rêver d’en faire l’une des leurs… La vocation est-elle contagieuse? Sally en tout cas se sent appelée, tentée de rejoindre leur congrégation.

Alice Mc Dermott qui, depuis «Charming Billy» paru il y a une vingtaine d’années, nous enchante par son talent d’orfèvre et sa délicatesse (écriture et art de raconter) nous emmène dans les profondeurs d’une communauté où les délaissés et les plus chanceux de ce monde se serrent les coudes et se tiennent chaud. On souffre, mais jamais seul, la vie est dure, mais les âmes sont tendres et la misère, ici, ne semble finalement qu’un lien de plus entre les gens. Ce livre est une petite merveille de générosité, d’empathie, et bien sûr de romanesque.

 

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