Coffret Trilogie des Neshov
Anne B. RAGDE

3 volumes sous coffret
10 X 18
novembre 2013
1050 p.  25,20 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Un exploit romanesque

Lorsque Anne Birkefeldt Ragde a publié « La ferme des Neshov » chez elle en Norvège, les librairies organisèrent une sorte de « happening », comme pour Harry Potter : elles restèrent ouvertes toute la nuit, squattées par les fans qui voulaient absolument savoir ce qui arrivait aux personnages du volume précédent, « La terre des mensonges ». Et pourtant, ce n’était pas gagné. Le lieu? Comme son titre l’indique, une ferme perdue dans la campagne norvégienne, spécialisée dans l’élevage des cochons. Pas franchement glamour. L’histoire ne l’est pas davantage. Le premier volume débute avec la mort de la mère, ce qui va déclencher, alors qu’elle était pourtant âgée, une sorte de cataclysme dans la vie de ses proches: trois fils, leur père (ombre fantômatique qui végète plus qu’il ne vit) et une petite fille. Les fils sont aussi différents les uns des autres qu’on peut l’être: Tor, le fermier, voue un amour démesuré à ses bêtes (pour ainsi dire ses seules amies) et se tue à la tâche; Margido est croque-mort; et Erlend, dont l’homosexualité est très mal tolérée par sa famille, s’est exilé à Copenhague où il file le parfait amour avec son compagnon. Quant à Torunn, la fille de Tor, elle essaie de maintenir la cohésion de cette famille qui part en vrille. Lorsqu’elle a terminé « La terre des mensonges », Anne Ragde ignorait qu’il y aurait une suite. Mais devant l’énorme succès du livre, elle décide de transformer le coup d’essai en coup de maître, le roman en saga, et d’éclairer ses lecteurs sur ce secret qui mine les Neshov. Les trois volumes ont totalisé 1 million d’exemplaires vendus rien qu’en Norvège, alors que la population n’excède pas les cinq millions. A l’époque de la parution, en 2004, Anne B. Ragde n’était pas une débutante ; elle avait déjà signé plusieurs livres pour adultes, pour enfants, et de toutes sortes de genres, mais le succès tardait à venir. Et après la trilogie, elle a publié d’autres titres dont le très autobiographique et réussi « Tour d’arsenic ». Mais ma préférence va à ces Neshov, étonnante aventure où l’on se surprend à s’attacher autant au cochon qu’aux humains et qu’on ne peut pas lâcher avant la dernière ligne. Un véritable exploit romanesque.

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