La vie mensongère des adultes
Elena Ferrante

traduit de l'italien par Elsa Damien
Gallimard
juin 2020
404 p.  22 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Les tourments de l’adolescence

Il y a désormais une patte Ferrante, une écriture et un ton parfois gouailleur que l’on reconnaît entre mille, une manière de grandir, d’aimer et de détester très particulières. Avec la saga de « L’amie prodigieuse », elle racontait l’amitié et ses soubresauts entre deux filles qui se connaissent depuis toujours, s’éloignent, se retrouvent. Deux « ragazze » qui passent de la passion à la haine et explorent toute la gamme de la jalousie. On retrouve un peu tout ça dans son nouveau roman, « La vie mensongère des adultes », en plus serré, en plus condensé.

Il aura suffi d’une phrase qu’elle n’aurait pas dû entendre pour que l’existence de Giovanna se voie bouleversée. Son père la compare à la tante Vittoria, cette sœur à moitié folle, laide, qu’il hait et fuit comme la peste. Cette réflexion très peu psychologue et indélicate provoque une longue descente dans l’estime de soi de l’adolescente. Son père la voit vilaine et caractérielle ? Elle va le devenir. Elle est surtout fascinée par cette « zia » dont elle n’a entendu parler que de loin en loin et toujours en mal. Elle veut la rencontrer, et après avoir harcelé ses parents pour qu’ils l’accompagnent chez elle, elle fait enfin la connaissance de Vittoria et n’est pas déçue du voyage. En une après-midi, celle-ci lui dit tout le mal qu’elle pense de son frère, le père de Giovanna, et cela dans un langage très fleuri. Selon elle, il la méprise parce qu’elle lui rappelle leurs origines populaires, lui qui est devenu professeur et a quitté le sud de la ville pour le nord plus bourgeois. Elle poursuit : il a brisé sa vie en l’obligeant à rompre avec son amant, Enzo. A partir de cet instant, Giovanna va être déchirée entre deux loyautés, deux milieux, deux parties de Naples. Elle va découvrir les mensonges sur lesquels s’est bâtie sa famille. Comment grandir sereinement lorsque les fondations tremblent ? Elena Ferrante raconte l’adolescence et ses tourments comme personne.

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