Le garçon et l'univers
Trent Dalton

Harper & Collins
mai 2019
554 p.  19 €
 
 
 
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Triste réalité….

Il faut oublier, les images de l’Australie qui nous fascine….ici, tout n’est que violence, désillusions….
Quel avenir pour ces deux frères, à la famille minée par la drogue, les cartels…..
Il faut s’accrocher afin de poursuivre cette lecture, c’est brut, sans illusions et très fort

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Une australie sombre

Voyage dans une Australie sombre. Oubliez les grands espaces avec les animaux typiques… Non, ici, le réalisme d’une province multiraciale et d’une société corrompue dans des cartels de drogue nous frappe. La dureté d’un récit au premier abord familial, mêle drogue, la corruption et vie pénitentiaire. S’y glisse néanmoins une certaine poésie ainsi que beaucoup d’humanité.
Le thème de « la bonté » est récurrent. Devient-on mauvais, ou est-ce la société qui nous transforme ? Les multiples rencontres d’Eli l’ébranleront sur cette question. Car, comment comprendre que des hommes bons peuvent commettre des actes condamnables, tandis que d’autres créatures monstrueuses sont reconnues pour leur bonté factice ?
UN MUTISME SALUTAIRE
Le héros Eli, détaille les membres et l’histoire de sa famille recomposée, originale dans sa substance. Les non-dits règnent mais pacifient quand la vérité peut nuire à l’ambiance. Pèsent beaucoup de mystères autour de notre héros animé d’une curiosité fantastique.
Avec son « handicap », un mutisme entretenu par ses soins, August, son aîné a adopté cette règle de prudence. Il donne le ton en limitant le nombre d’initiés pour le comprendre. Sans l’avouer, ils ont compris que « cet enfant bizarre » en sait beaucoup plus qu’il n’en dit. En plus ses paroles « en l’air », parfois métamorphosées en oracle. Alors dans ce climat assez austère, chacun se tait sur ses actes, sa culpabilité ou ses remords.
Eli, un peu à part, se trahit par sa franchise et sa loyauté et sa droiture dictent ses actes. Une certaine poésie surgit de son récit, imprégné de couleurs, jolies descriptions. Ses rêves ponctuent ses souffrances physiques et morales.
La mère, elle, telle une poupée, se laisse porter par les évènements, effacée, faible et sans relief ; ce doit être sa bonté qui fait qu’elle suscite autant d’attachement des autres personnages.
DES ADOLESCENTS DANS UN MONDE D’ADULTES.
Une belle leçon de vie : on admire le courage des deux enfants obstinés dans la réalisation de leurs projets. Même dans l’adversité, leurs objectifs sont dictés par la volonté de faire du bien aux autres.
Une illustration ici, du handicap (j’inclus sciemment le mutisme d’August) à divers degrés avec la générosité et la responsabilité d’Eli à traduire les paroles de son frère. Quant à August, son dévouement à l’égard de la maladie rare de leur camarade de l’école est remarquable et remarqué.
Slim, en criminel notoire comme baby-sitter offre une fréquentation originale aux enfants avec une fine dose d’humour. Son expérience carcérale va les instruire sur ce monde fermé où la lecture et l’écriture sont les presque seuls soupiraux de l’esprit sur l’extérieur. Son engagement auprès des enfants redonne de l’humanité à des criminels sans vergogne. En effet, Slim raconte son expérience extraordinaire d’évasion et dispense ses leçons de vie et sa philosophie à August et Eli.
J’AI MOINS AIME :
J’ai regretté devoir patienter jusqu’à la 60/80ème page pour être happée par une accélération de l’intrigue, j’étais à la limite d’abandonner. À partir de la scène d’anniversaire, l’action s’accélère enfin.
La narration à la première personne d’un ado d’une douzaine d’années laisse songeur au début. Ses réflexions, et son recul abouti, n’est pas adaptée à son âge mais sa maturité fruit de son vécu, explique son côté « spécial ».

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