A ma droite, Benny, 37 ans, qui vit seul avec ses vingt-quatre vaches (et quelques moutons) dans l’exploitation familiale. Pas qu’il ait vraiment la vocation ni le profil type du fermier suédois, mais il s’est décidé une nuit d’été quand il a vu sa mère sous le grand sorbier dans la cour, le bras autour du tronc et les yeux rivés sur les terres. Il ne pouvait pas abandonner tout ça, simplement.
A ma gauche, Désirée, 35 ans, bibliothécaire en charge de la section jeunesse, en passe de devenir femme de Carrière avec Centre d’intérêts Culturels. Trois C, on aurait pu y ajouter deux autres pour Complètement Conne, dit-elle.
Début du combat.
Benny s’occupe régulièrement de la tombe de sa mère, vaincue par le cancer, Désirée va chercher l’affliction qu’elle aimerait pouvoir ressentir sur celle de son défunt mari, fauché à vélo.
Ils se regardent sans aménité du coin de l’œil, au cimetière, mais un jour un sourire partagé produit un arc de lumière bleue pendant trois heures, ou trois secondes. Ca c’est selon Désirée, Benny lui, voit un sourire de gamine en vacances.
Badaboum, le sort en est jeté, B + D = A (lchimie inexplicable.)
Elle, rien qu’à l’évoquer, elle a les ovaires qui s’agitent comme des fous. Lui, il aime même quand elle a ses règles, parce que ça fait très intime, ça dégage un bien-être confortable, l’élève au statut de permanent.
Mais, mais, mais.
Ils n’ont rien en commun.
Et pour jeter des passerelles au dessus des ravins, il faut être en phase…
Formidable, réjouissant, actuel, moderne, intemporel, drôle, tendre, émouvant, léger mais loin d’être creux, je n’en jette plus, mais le cœur y est. J’ai savouré chaque instant de ma lecture, parce qu’il n’y a rien à écarter dans ce roman, on suit nos deux tourtereaux avec une grande tendresse et on voudrait vraiment bien que… malgré…