L'Enjoliveur
Robert Goolrick

Anne Carrière
mai 2016
67 p.  12 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

L’adieu à l’innocence

Robert Goolrick s’y connaît en enfance brisée. Dans « Féroces », il racontait déjà ses jeunes années sous la coupe d’un père pervers. «L’enjoliveur », un court texte de 70 pages est de la même veine. On y suit un garçon de 5 ans qui s’amuse à recoudre les pattes brisées d’une grenouille à l’aide de la Singer de sa mère, avale de curieuses gaufres aux miettes de bœuf pour dîner et surtout ramasse au bord des routes les enjoliveurs abandonnés dont il se fait des frisbees ou des casques, selon son humeur. Les adultes s’occupent peu de lui et c’est tant mieux : un certain Charles Manson habite juste au coin de la rue, mais il n’a pas encore fait parler de lui … Il y a bien une grand-mère formidable, Nell, mais elle passe son temps à lire Dickens et à fumer ses Marlboro rouges. Et c’est par elle que le drame un jour s’invite … Goolrick n’a pas son pareil pour décrire avec ironie, dérision, mais aussi tendresse un paradis enfantin bientôt détruit par l’indifférence et l’égoïsme des adultes. Joliment illustré et offert aux lecteurs français qui l’ont soutenu dés le début, ce petit bijou prouve une fois de plus que Goolrick figure parmi les plus grands. 

partagez cette critique
partage par email