Les femmes de la Principal
Lluis Llach

traduit du catalan par Serge Mestre
Actes Sud Editions
romans, nouvell
avril 2017
320 p.  22,80 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Le sang de la vigne

Au cœur d’une région viticole de la Catalogne, trois générations de femmes fortes se battent pour garder le domaine familial. Avec son côté littérature de terroir espagnole doublée d’une intrigue policière sur fond de franquisme, ce second roman de l’auteur des « Yeux fardés » est rondement mené : parfait pour l’été !

Les Maria de la Principal

Elles s’appellent toutes Maria, et leur lignée commence avec la sœur de quatre garçons, à qui son père lègue en 1893 le vignoble de la Principal, à Pous, infesté par le phylloxéra. Pour la jeune femme de vingt ans, c’est un cadeau empoisonné, une prison à ciel ouvert. Mais alors que ses frères deviennent des notables barcelonais, Maria, surnommée « la Vieille », réussit à endiguer le fléau et à redonner au domaine ses lettres de noblesse, tandis qu’elle-même finit franquiste et bigote. Sa fille unique, qu’on appelle la Senyora, reprend le flambeau à la tête des mêmes ouvriers et de leur progéniture ; tout aussi avisée dans les affaires, la nouvelle propriétaire de la Principal est libérale, elle abhorre le régime et n’en fait qu’à sa tête, allant jusqu’à défier la morale et l’Eglise. Enfin, notre Maria contemporaine est bien la digne héritière des précédentes, tenant sa place dans le monde masculin des vignerons.

Le crime de la Principal

Mais il y a une ombre au tableau de ce succès familial, une tache de sang non soluble dans le vin. Un inspecteur féru d’Agatha Christie déterre quatre ans après les faits le meurtre non élucidé d’un ancien contremaître survenu à Pous en 1936, et mène son enquête à la Principal. La Senyora Maria, en pleine fleur de l’âge, se risquera à louvoyer avec les autorités pour sauver son amour secret… Voici un roman énergique et captivant qui navigue entre les époques et les figures féminines puissantes, aux prises avec les préjugés de leur temps et les vents contraires de l’histoire. Lluis Llach ancre ses thèmes de prédilection, la résistance, le désir et l’homosexualité dans une saga où les enjeux de pouvoir sont le domaine réservé des femmes, confirmant ainsi son talent pour le romanesque.

 

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