Les Fugueurs de Glasgow
Peter May

ROUERGUE
septembre 2015
336 p.  22,50 €
ebook avec DRM 9,49 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Après avoir dévoré « La trilogie écossaise » cet été, j’étais impatiente de lire le nouveau Peter May. On reste en Ecosse bien entendu mais dans un registre complètement différent. L’auteur s’est inspiré d’une fugue réalisée lorsqu’il était jeune.
Nous sommes en 1965, cinq adolescents sont passionnés de musique. Ils créent un groupe de reprises, « The Shuffles ». Ils décident de fuir Glasgow et de tenter leur chance à Londres, ville de tous les possibles. le périple ne sera pas simple, imaginez-vous, ils sont jeunes (15 ans pour certains), naïfs, pleins de rêves et d’espoir. Après un détour par Leeds pour récupérer Ratchel, la cousine de Maurie, ils atterrissent chez le Docteur Robert, expert en hallucinogènes…
Cinquante ans plus tard, trois d’entre eux, dont Maurie en fin de vie, referont le voyage en compagnie de Ritchie (geek et obèse) le petit-fils de Jack. Une nouvelle génération les accompagne avec un autre style musical car la musique est reine dans ce polar mais j’y reviens un peu plus loin.
Ils referont donc ce voyage mais désillusion et amertume feront place à l’excitation et l’espoir d’une célébrité et de tous les possibles un demi-siècle plus tôt.
Un drame s’était déroulé à l’époque, ils ont bien l’intention de comprendre ce qui s’était réellement passé.
Peter May nous fait revivre les sixties, la découverte de la sexualité, des drogues, des rêves de célébrité, les espoirs d’une jeunesse. Il nous emmène dans des lieux mythiques : Abbey Road, The Marquee Club, Saville Row, Denmark Street et nous fait côtoyer Les Beatles, John Lennon, Bob Dylan.
On revivra avec lui la sortie de « Ticket to ride »
Nous accompagnerons les Kinks, les Rolling Stones avec « Let it bleed » et tant d’autres.
Peter May avec beaucoup de sensibilité, donne une grande humanité à ses personnages tout en laissant transparaître leurs zones d’ombres et de lumières. L’écriture est belle, sincère. Il nous dresse de jolis bilans de vie. Un récit dont l’originalité se situe dans ce parallèle du même voyage à un demi-siècle d’intervalle. le trip a bien fonctionné, la descente est parfois dure mais c’est la vie.
Ma note : 7.5/10

Les jolies phrases

Il n’y a rien de plus désirable que le fruit défendu, c’est ainsi.

Parfois, les paroles prononcées sous le coup de la colère blessent au-delà, de ce que l’on souhaite… Toutefois, si elles font mouche, c’est aussi parce qu’elles recèlent une vérité que la bienséance empêche d’exprimer.

Parfois, tu ne peux pas voir la vraie personne derrière la façade que les gens affichent.

Je suppose que la vie est intimement liée à la douleur, non ? Liée au sentiment. A n’importe quel sentiment. Même les émotions positives peuvent être douloureuses à leur manière. Et la douleur, la douleur pure et simple, est le sentiment le plus intense de tous.

Tu vois, Raitch, ne rien ressentir, c’est comme être mort. Je n’ai pas la prétention de savoir ce que c’est de planer sous héroïne, et je n’ai pas envie de le savoir. Mais ce que tu décris me fait penser à une petite mort. Je préfère être vivant et composer avec la douleur.

Mais une fois que tu t’es engagé sur cette route…A l’aller, la pente est douce, mais quand tu veux rebrousser chemin, c’est comme escalader l’Everest.

Comment aurais-je pu savoir que l’échec est semblable à une mort lente et pénible et que la déception que l’on éprouve en raison de la tournure que notre vie a prise ne disparaît jamais ?

Le problème, c’est que de nombreux psychiatres aiment trop s’écouter parler. Ce qui est important, c’est ce que le patient a à dire. La vrai vertu, c’est l’écoute.

Ce que j’essaie d’exprimer, c’est qu’on ne pense jamais que les personnes âgées ont été jeunes un jour. Je veux dire, tu sais bien qu’elles l’ont été, mais tu ne peux pas te l’imaginer. Tu ne vois que le gris et la vieillesse, et tu en as marre de les entendre rabâcher comme tout était mieux quand ils étaient jeunes.

Vous pouvez vous enfuir aussi loin que possible, les choses que vous essayez de laisser derrière vous vous attendent à l’arrivée. Parce que vous les emportez toujours avec vous.

Retrouvez Nathalie sur son blog 

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