Le livre d'Aron
Jim Shepard

Edition de l'Olivier
février 2016
237 p.  21 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Le jeune Aron est à peine âgé de 8 ans lorsqu’il se retrouve enfermé dans le ghetto de Varsovie avec toute sa famille. Ce garçon a toujours vécu dans la pauvreté et il a appris très tôt la débrouillardise pour survivre. Malheureusement, il se fait souvent prendre et les corrections sont nombreuses. D’ailleurs, Aron dit lui-même que ses parents auraient mieux fait de l’appeler « Dans quoi tu t’es encore fourré ». Le thème du roman, le lieu où l’histoire se déroule, la fin tragique que l’on connaît, tout cela me faisait craindre de lire quelque chose de très triste. Il n’en a rien été. On suit le petit Aron, pas à pas, dans sa découverte de l’horreur : l’enfermement dans le ghetto, la faim, la maladie, l’épidémie de typhus qui très vite font rage, la disparition de ses parents, sa rencontre avec le directeur de l’orphelinat Janusz Korzack qui seul apporte un peu d’humanité. Aron ne se résigne pas, ne pleurniche pas. Il n’a qu’une idée en tête : aider ses parents.Il intégrera une bande de gamins, tous aussi affamés que lui, et trafiquera dans le marché noir , la « frontière » entre le ghetto et le reste de la ville n’étant pas toujours infranchissable surtout au début. Trouver de la nourriture est un défi quotidien : » Rue Grzybowska on n’a croisé personne, et puis deux hommes nous ont fait signe de rentrer dans un immeuble où deux bonnes femmes se disputaient déjà avec eux autour d’une barrique. C’est de la viande disait un des hommes. Tu en fais du hachis, ça reste de la viande. Vous devriez avoir honte, a répondu une femme. Je mange pas de fions hachés moi Personne te force à manger ça ni autre chose a rétorqué le type. Ma mère m’a entraîné de nouveau dans la rue. » Dans le ghetto, il y a malgré tout des personnes qui essaient de continuer à donner du sens à la vie. Notamment Janusz Korczak qui était un médecin pédiatre réputé avant l’arrivée des nazis et qui a pris en charge tous les enfants orphelins. Il fait jouer des pièces de théâtre à ses petits protégés, pièces que tout le ghetto vient voir. « Korczak est revenu sur scène pour remercier les acteurs et tout le monde a encore applaudi. Il a remercié le public de s’être déplacé et il nous a tous félicités d’être doublement orphelins nous-mêmes, puisqu’on était à la fois apatrides et juifs. Il a dit aux adultes de ne pas oublier d’aborder les enfants avec de l’affection pour ce qu’ils sont déjà et du respect pour ce qu’ils deviendront. Il a dit aux enfants de se rappeler qu’on ne pouvait pas laisser le monde dans l’état où il se trouvait. Et de se laver les mains. Et de boire de l’eau préalablement bouillie. » J’ai trouvé ce roman tout simplement magnifique et bouleversant, écrit avec une grande finesse. Il m’a fait penser au film « La vie est belle » de Roberto Begnini et également à « La guerre des boutons » (dans sa description de bandes rivales de gamins).

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