Low down : jazz, came, et autres contes de la princesse be-bop
Amy Joe ALBANY

Traduit de l'anglais par Clélia Laventure
10 X 18
litt etrangere
janvier 2017
192 p.  6,60 €
 
 
 
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coup de coeur

Low Down n’est pas un roman mais le témoignage de la fille du grand pianiste de jazz Joe Albany.

Construit sous la forme de très courts chapitres introduits par un thème, de la rencontre de ses parents à la disparition de son père.

Avec une écriture puissante, Amy Joe Albany nous décrit son enfance. Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans l’ambiance : « Maman et Papa se lancèrent sans tarder dans leur histoire d’amour inconsidérée. Sheila laissa tomber le jeune batteur avec qui elle était en ménage et dont elle attendait un bébé, accoucha d’une petite fille, et la fit adopter par un couple sans enfant de la Bay Area. Une semaine plus tard, en 1960, pour le 28ème anniversaire de ma mère, mon père et elle se marièrent à San Francisco. Ils louèrent un petit appartement à Hollywood et le retapèrent grâce à l’argent gagné par Maman avec l’adoption. Je vins au monde en février 1962 – j’aimerais dire que ce fut un heureux événement mais les traces d’aiguille qui parsèment les bras de ma mère sur les photos où elle me tient me laissent songeuse. »

La situation est très claire : la petite fille sera abandonnée par sa mère, élevée par son père, grand pianiste de jazz, ami de Charlie Parker, Dizzie Gillespie. Toutefois les addictions de son père (drogue, alcool) le feront tomber dans l’oubli.

Si la petite fille voue un immense amour à son père, on se demande comment elle a pu affronter tant de situations effrayantes : « J’étais loin d’être la petite fille en meilleure santé du quartier, mais je survécus, ce dont il faut se féliciter sans doute. Je décidai d’établir une petite liste, dans ma tête, des choses essentielles. Outre la nourriture, il y avait le tourne-disque pour le plaisir et l’étouffement des bruits désagréables, et le sommeil. Pour dormir, j’avais besoin d’un pyjama, et j’étais très attachée à mon pyjama en flanelle, dedans je me sentais comme en sécurité. »

Elle assistera aux crises de manque de son père, à ses nombreuses tentatives de sevrage, tentera de réguler son alcoolisme. Elle devra composer avec les absences de son père qui la laissait seule même petite dans l’appartement, ou les pervers à qui il la confiait parfois et dont elle n’osera jamais lui parler de leurs attouchements, accepter les nombreuses compagnes éphémères qui traverseront la vie du pianiste.

A l’adolescence bien sûr, tout cela ne sera pas sans conséquence sur son comportement : « Je devais parler à Mamie. Elle me dirait certainement que je n’étais pas une si idiote ou mauvaise fille et que, vu l’étoile pourrie sous laquelle j’étais née, je ne m’en sortais pas si mal, non ? »

Amy Joe ALBANY se raconte tout simplement, et moi, je me suis demandée tout au long des pages comment une petite fille pouvait vivre toutes ces horreurs. Elle a apparemment fait preuve d’une grande résilience. J’aurais envie maintenant de savoir comment elle a construit la suite de sa vie.

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