Phi Prob
Johann Zarca

DON QUICHOTTE
août 2015
204 p.  16,90 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
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De la crudité du langage comme étendard d’une certain déliquescence du monde et de la morale.

Phi Prob est un virus thaïlandais. Il se déplace de corps en corps pour bouffer littéralement ses hôtes de l’intérieur, les ronger petit à petit, les rendant de plus en plus versatiles, violents et, pour ceux qui en étaient dotés précédemment, de plus en plus dénués de morale.

Après avoir pris possession jusqu’à sa mort en couche du corps d’une thaïlandaise, ancienne prostituée de Bangkok reconvertie en épouse d’un frenchy expatrié, elle s’empare de celui du mari qui quitte la campagne thaïlandaise où il végétait pour retourner à Bangkok et retrouver la vie dissolue qu’il menait avant, puissance dix.

Nous suivons Phi Prob et son hôte de striptease en débauches diverses et variées allant de la simple fellation au sexe de groupe, sado-maso ou avec une mineure vierge.

La déchéance de l’hôte, toute intérieure et masquée jusqu’à la dernière limite à ses potes, n’est que le revers de la médaille de la déchéance d’un monde tourné vers le sexe où le seul sésame est l’argent, où l’apparence ne compte plus, où seule la mort reste finalement un tabou, une source de rejet et de bannissement.

La déliquescence de cet expatrié français (qui aurait pu être allemand ou d’une quelconque autre nationalité) sonne comme un avertissement : un monde sans morale (qu’elle concerne l’économie, la société, la pensée, le politique, responsable de ce qui se déroule sous nos yeux) est un monde perdu, sans droit, sans espoir. Virus, folie, démence, Johann Zarca pose aussi la question de l’origine du mal, de la responsabilité et/ou de la culpabilité d’un être qui a été privé de son libre-arbitre par une source externe : la part d’humanité de l’hôte qui tente vaille que vaille de rejeter, à tout le moins d’atténuer les effets du virus (la réflexion) est-elle à même d’exonérer l’hôte (l’action) des méfaits commis ? la gratuité des actes et leur sempiternel recommencement sont-ils un visage de la fatalité qui semble régir les sociétés modernes ?

A travers un texte percutant, Johann Zarca choque avec une volonté et une férocité crues qui ne plaira pas à tout le monde. Au-delà de ce ton direct et cru, se pose aussi la question de l’influence de la forme sur le fond et inversement et surtout de savoir si l’auteur a voulu en privilégier une sur l’autre et laquelle. Le débat est ouvert.

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