Une journée dans la vie d'une femme souriante
Margaret Drabble

Le Livre de Poche
mars 2016
352 p.  7,30 €
 
 
 
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Au plus près des pensées intimes des femmes.

Bien inspiré celui qui a choisi pour titre de ce recueil celui de la nouvelle éponyme, la huitième parmi les treize textes qu’il contient. Il résume à lui seul l’atmosphère et la tonalité de ces quelques tranches de vies à travers lesquelles l’auteur se fait fort d’explorer les pensées les plus intimes des femmes. Et derrière la façade d’un visage souriant, il s’en passe de belles. Les nouvelles sont ici proposées dans l’ordre chronologique de leur parution, entre 1967 et 2000 ce qui permet de suivre en filigrane l’évolution de la condition féminine. Britannique jusqu’au bout de la plume, Margaret Drabble manie l’ironie avec finesse et invite ses héroïnes à marcher dans les traces de celles qui ont enrichi la littérature anglaise bien avant elles. De vers de Wordsworth en romans de Jane Austen, en passant par quelques références à Shakespeare, les femmes dont nous parle l’auteure s’inscrivent dans une modernité qui n’oublie en rien son héritage. Ces femmes nous disent beaucoup sur le bonheur et la difficulté mêlés d’être une femme. Que ce soit au travers de la vie de couple, de la vie professionnelle ou de la perception de soi. L’auteure les saisit dans des moments clé et pénètre au plus profond de leurs pensées avec une acuité remarquable. Qu’il soit question d’envie, de regrets, de remords, de colère, de calculs, d’hypocrisie ou de dégoût. Dans la tête de Chloé découvrant pour la première fois un environnement étranger, dans celle d’Helen et ses rêves d’ailleurs, dans celles de Viola ou de Hannah habiles dans l’art de se voiler la face et de se convaincre du pur hasard de leurs actes, ou encore dans celle d’Elsa, la veuve joyeuse. Toutes ces femmes tentent à leur manière de gagner leur liberté, un mot qui n’a pas le même sens selon que l’on s’assume ou pas. Chacune de ces nouvelles est d’une efficacité redoutable, dans un style précis et une aptitude à dessiner de quelques traits des personnages vivants et des atmosphères palpables. Pas d’effets de manche ou de chutes spectaculaires. Simplement l’impression d’avoir côtoyé au plus près quelques échantillons de l’espèce féminine et d’avoir assisté comme aux premières loges à leur évolution, leur envol ou leur métamorphose. Sans que jamais aucune ne perde sa part de mystère. Un recueil remarquable, une belle contribution à la littérature britannique qui imprègne tant l’auteure et un témoignage savoureux à destination de tous ceux qui aimeraient savoir ce qu’il se passe parfois dans la tête des femmes.

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