Aucun souvenir de Césarée
Marie-Ange Guillaume

Le Passage
Littérature
août 2014
192 p.  17 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
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« Tu vas bien ? Moi non plus. Continuons. »

Le livre est dédié « Aux petites filles », celles qu’on est toutes quand on se penche sur sa maman. On attaque fort, on est sur un pont de la Loire, on n’est pas toute seule (jamais), on a des copains et des copines et ils sont là, ensemble on jette des cendres pour que l’eau les emmène vers l’Amérique et vers l’infini. « Ma mère est morte demain ». Demain c’était hier, il y a quelques semaines, de longs mois, et avant, elle avait vécu, sa mère. Elle avait noté, aussi, beaucoup, et conservé des lettres, fixé des moments, préparé toute une vie dans quelques mots pour sa fille, qui aime les mots, sa fille tête de mule, son mignon, celle qui vit pour restituer l’émotion qu’elle n’a pas ressentie quand il l’aurait fallu.

« Moi je profite pas, je passe sans m’arrêter, je regarde en marchant, j’absorbe à toute berzingue et je rentre tenter de bricoler quelques lignes avec ça. Je vis pour restituer l’émotion que je n’ai pas ressentie quand il l’aurait fallu. Il y a une vingtaine d’années, des amis m’avaient invitée en Toscane puisque je devais pondre un long texte d’introduction à un livre de photos sur la Toscane. L’un d’eux m’avait écrit ensuite que, tout le long du séjour, il m’avait trouvée absente, pétrie d’ennui, limite moribonde, mais sur le papier, la Toscane était bien là et il était sidéré. Je ne changerai jamais, je n’ai jamais su quoi faire de la beauté présente, si ce n’est en souffrir parce que le bonheur est une chose qu’on vous reprend. »

Alors Marie-Ange se penche sur tout ça, ses parents (« On vieillit par à-coups, je suis dans un à-coup » lui écrit un jour son père), leur drôle de vie (elles le sont toutes), sa place à elle, leurs relations à tous trois (mouvementées, distendues, vraies), et les autres, les copains, la vie. Et c’est beau. C’est exactement comme elle, vivant, drôle, tendre, gentiment mordant, profondément émouvant.

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