critique de "Babybatch", dernier livre de Isabelle Coudrier - onlalu
   
 
 
 
 

Babybatch
Isabelle Coudrier

Seuil
cadre rouge
janvier 2016
394 p.  21 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
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Il existait bien des manières de gâcher sa vie, il s’agissait de trouver la bonne.

Quel plaisir de retrouver* la prose tout à fait particulière d’Isabelle Coudrier ! Elle nous invite, dans ce troisième roman, à faire la connaissance de Dominique, quinze ans, qui a comme caractéristique – entre autres – d’être fan de Bénédict Cumberbatch. Nous sommes en 2014, ça fait trois ans qu’elle l’a découvert lors d’une rediffusion de Sherlock, et sa passion pour cet acteur s’épanouit lentement, mais sûrement. La très grande réussite de ce roman, pour moi, tient en ses nombreux paradoxes : l’héroïne est tout à fait de son temps (sujette à l’addiction Internet par exemple) et bien de son âge (intérêt important pour les changements de coiffure de l’acteur) mais s’appelle Dominique, tandis que sa mère se prénomme Charlotte (et son père Georges). Socialement peu active (solitaire même), elle rencontre d’autres fans connues sur un forum qui pourraient être sa mère voire sa grand-mère (le récit de la rencontre est absolument impeccable) et se sent à la fois complètement hors du coup et pourtant à l’aise. Sujette à la mélancolie sans raison – qui a eu quinze ans sait de quoi elle parle -, elle n’hésite pourtant pas à apprendre le texte d’Hamlet par coeur (en anglais – qu’elle maîtrise difficilement – et en français) dans l’optique d’aller voir l’acteur sur scène l’année suivante. Elle observe beaucoup. Les gens autour d’elle, ses profs, son amie de primaire dont elle ne comprend pas l’éloignement, ses chats, ses parents… Tout est légèrement décalé et dans le même temps d’une véracité parfaite, jusqu’aux plus infimes détails, et tout est raconté dans une très jolie langue qui fait la part belle à de délicieux subjonctifs sans que jamais rien de prétentieux ou de daté n’interfère. J’ai appris des choses étonnantes sur Bénédict Cumberbatch (ainsi, chaque année se fans se cotisent et versent les sommes obtenues à une association qu’il désigne…) et évidemment, ça donne envie de (re)regarder Sherlock 🙂

*J’étais Quentin Erschen, 2013

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