Belle-Amie
Harold COBERT

Les escales éditions
février 2019
416 p.  19,90 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
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Magistral

Je vais commencer par vous faire un aveu, Harold Cobert, je l’aime.
J’aime son sourire, son charme, son charisme, son écoute courtoise et patiente et par-dessus tout son talent d’écrivain.
En découvrant qu’il avait osé s’affronter à Guy de Maupassant pour écrire la suite de « Bel-Ami », j’ai ressenti comme un léger malaise.
Comment allait-il se sortir d’un exercice aussi périlleux ?
C’est donc assez dubitative que j’ai parcouru les premières pages du roman, prête à l’abandonner rapidement par peur d’être déçue.
Passé le premier chapitre, la magie a opéré.
« Belle-Amie » met un terme à l’histoire imaginée par Guy de Maupassant à travers une machiavélique vengeance qui est un plat qui se mange froid surtout servi par quelques femmes séduites et bafouées par le bel arriviste.
En effet, tous les travers et toutes les « perfidies » auxquelles s’est livré George Duroy dans le premier opus se retournent invariablement contre lui dans une implacable ironie du sort.

N’hésitez pas à découvrir « Belle-Amie », un roman magnifiquement écrit, intelligent, passionnant.
Du grand art.
Chapeau bas Monsieur Cobert !

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Belle-Amie

Quel pari fou et audacieux d’imaginer la suite de « Bel-Ami » de Guy de Maupassant publié en 1885. Un pari tenu et avec brio sous la plume d’Harold Cobert.

J’avais lu au préalable le texte original, occasion pour moi de lire un classique mais je vous assure ce n’est absolument pas nécessaire pour plonger dans « Belle-Amie » car l’auteur habilement nous plante le décor et le contexte dans les premiers chapitres.

Georges Du Roy de Cantel a épousé Suzanne il y a dix ans, il est aujourd’hui père de deux enfants, il vit dans l’hôtel particulier de luxe provenant de son beau-père et est aujourd’hui à la tête du journal « La vie Française ».

Georges a gravi les échelons en utilisant les femmes pour conquérir le pouvoir et la fortune. Lui qui tout au début n’était que Georges Duroy, fils de paysan et de cafetier normand, lui qui travaillait aux Chemins de fer comme petit employé bouclant difficilement ses fins de mois.

C’est la rencontre fortuite avec son ancien camarde de régiment Forestier lors d’une de ses nombreuses flâneries dans Paris qui a changé sa vie. Forestier qui occupait une belle position au journal l’a présenté à Monsieur Walter, le directeur de « La vie française » et banquier juif. Il fut engagé après un dîner au cours duquel il rencontra les femmes qui allaient changer sa vie : Madeleine Forestier sa première femme écrivant de façon mordante avec un regard pointu et critique sur la société dans le journal concurrent « La Plume », Clotilde sa première amante, Virginie la bigote et enfin Suzanne qui deviendrait un jour sa femme.

Celui que l’on surnommait à l’époque « Bel-Ami », le séducteur de ces dames a fait du chemin, mais cela ne lui suffit pas, il ambitionne aujourd’hui un siège au Palais de Bourbon. Il partira en campagne sur ses terres natales dans la région de Rouen envisageant de devenir député et pourquoi pas ministre.

N’oublions pas le rôle prépondérant des femmes dans sa vie, en particulier il convoite la « Belle-Amie », la mystérieuse Salomé qui hante ses jours et ses nuits.

Harold Cobert très vite nous replonge dans l’époque et le style de Maupassant, dressant un portrait de la société en respectant les codes utilisés par l’auteur original, tout en apportant un air contemporain et de la modernité dans son récit.

Après les premiers chapitres de mise en place, l’écriture devient agile, aisée, fluide. J’ai beaucoup aimé le clin d’oeil en référence à Maupassant qui intervient dans le récit tant au sens propre qu’au figuré, une façon très maligne d’intégrer la publication de « Bel-Ami » dans le récit.

Harold Cobert aborde les rouages politiques, le monde de la presse et du journalisme, mais aussi le rôle des banquiers et de la finance. Il se réfère habilement à l’Histoire en intégrant dans le récit la montée en France de l’antisémitisme, le scandale du canal du Nicaragua et le combat mené par les femmes pour obtenir des droits et une certaine indépendance.

Au fil des pages, on est captivé, s’interrogeant comment Du Roy toujours très épris de la gente féminine et de la « Belle-Amie » Salomé allait sortir son épingle du jeu et s’en sortir. Je ne fus pas déçue, au contraire, complètement bluffée par le retournement de situation imaginé par l’auteur.

Du grand art ! Grandiose, un défi relevé et réussi de manière magistrale.

Ma note : 9.5/10 ♥♥♥♥

Les jolies phrases

Écouter est la clef du succès en politique, lui avait maintes fois répété Clément, écouter en donnant l’impression que votre vie entière dépend de la résolution des problèmes de ceux dont vous convoitez les voix, même si vous irez plutôt au bordel avec les deniers de leurs urnes !

La curiosité est le vice des journalistes, et chez moi le journaliste n’est pas toujours loin du député.

Les religions ne sont qu’un instrument d’enfumage, de l’encens putride et faisandé uniquement destiné à manipuler les petites gens, à dominer les peuples, à les asservir tandis que quelques-uns, les plus forts, les saignent et se servent. quelle hypocrisie que tout cela !

On a l’âge de ses blessures, pas de ses artères. Certains événements vous font vieillir prématurément et vous privent de votre jeunesse.

…une bonne affaire ne consiste pas à prendre le plus possible pour soi seul, mais à faire en sorte que chacune des parties trouve son compte aux dépens de l’autre, sans que la vie de quiconque ne se retrouve en péril. Chacun perd quelque chose pour gagner autre chose. C’est cela qu’il appelait « la prédation réciproque ».

N’oubliez pas que la finance gouverne le monde. La majorité des hommes politiques ne sont que de vulgaires pantins qui jouent le rôle que nous leur écrivons.

Malgré ce que le genre lexical nous enseigne, le pouvoir est comme une femme : il faut la désirer pour la séduire, accepter qu’elle se lasse de vous et surtout pas vous accrocher désespérément à elle pour vous effacer avec grâce si jamais vous voulez un jour la séduire de nouveau.

L’Histoire peut se répéter, jamais elle ne fait marche arrière.

Comme vous le savez, je suis médecin. Quant un membre pourrit et menace de contaminer le reste du corps, l’amputation est la seule solution possible. Il est des cas, comme celui auquel nous sommes aujourd’hui confrontés, où même l’amputation n’assure pas le rétablissement tant l’infection s’est répandue en profondeur dans l’ensemble des tissus. Pourtant, le plus grand crime restera toujours de ne pas tenter tout ce qui est en notre pouvoir pour guérir le malade du mal qui le ronge.

Retrouvez Nathalie sur son blog 

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