Bilqiss
Saphia Azzeddine

Editions 84
litterature gen
mars 2016
219 p.  7,20 €
ebook avec DRM 7,49 €
 
 
 
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coup de coeur

Un petit bijou – indispensable

Un récit bouleversant qui résonnera en moi encore longtemps. Bilqiss est condamnée à la lapidation, elle n’aurait pas dû lancer l’appel à la prière à la place du muezzin qui complètement saoul de la veille n’a pas su être réveillé. C’est tout naturellement, sans réfléchir que Bilqiss a lancé l’Adhan en l’enjolivant de manière personnelle. Elle attend un procès qui de toute façon la condamnera car elle est tout simplement née femme, veuve et sans enfant, et c’est aussi ce qu’on lui reproche. Bilqiss orpheline a été mariée à l’âge de 13 ans à un homme qui en avait 46. Elle est veuve, sans enfant, sans statut ce que la société lui reproche. « Vieille d’une heure seulement et déjà accusée par mon sexe. Je n’aurais pas cru cependant qu’il serait à l’origine d’autant de maux. » « Sa véritable faute était d’être une femme seule. Pauvre, veuve et marginalisée, personne au village ne savait quoi faire d »elle……Même ici, la naissance prévalait les compétences. » Son procès en réalité est celui de la femme, celle qui ne porte pas toujours correctement son voile, qui lit de la poésie, qui achèterait des aubergines non tranchées au marché représentant oh sacrilège un symbole phallique …., celle qui ne veut personne pour se défendre et clame haut et fort sa liberté. Elle qui aime et respecte son Dieu, sa Religion mais dénonce les absurdités des lois islamiques et n’approuve pas ce que les hommes en font. C’est un roman choral, trois personnes s’expriment tour à tour ; Bilqiss, le juge et Léandra une journaliste américaine. Bilqiss qui dérange les consciences. Le juge qui ajourne le procès de jour en jour, vient voir Bilqiss le soir. Il est bien malgré lui devenu Oulema de district et juge des questions islamiques. Il nous fait prendre conscience que la religion, du moins ce que les « extrémistes » en ont fait impose des attitudes par lâcheté peut-être, pour sauver sa peau. Il nous racontera sa première femme Nafisa (l’institutrice de Bilqiss) qui se procurait des livres en contrebande et était éprise de poésie et de liberté. Il est ambigu dans ses sentiments envers Bilqiss. Et enfin Léandra, une journaliste juive Newyorkaise qui viendra assister au procès et converser avec Bilqiss au vu d’ images du procès sur internet. la détermination et la force de Bilqiss lui donne l’envie de la rencontrer. Intéressante confrontation d’idées entre la perception de cultures différentes, l’image des américains et vice et versa.Choc des cultures. Saphia Azzeddine est une conteuse hors pair. Son écriture acérée, cinglante mais néanmoins poétique. Une plume affûtée d’une force émotionnelle inouïe. Chaque mot est pesé, à sa place. Que de jolies phrases qui remuent, qui marquent, qui posent questionnement et réflexion. Un livre qui secoue et bouleverse, qui dénonce les contraintes vestimentaires, burqa et voile « On n’a pas le choix, on le porte c’est tout. Mais on les emmerde. » « Ce sont des choses qu’il ne faut jamais remettre en question. Le voile, c’est la protection de la femme. » Il dénonce aussi les déviances et absurdités de la religion, La femme dont la moindre parcelle évoque la provocation sexuelle, n’importe quoi…. Il y a aussi la description de cet amour inconditionnel de Dieu et cette foi inébranlable. Je perds les mots et ne parviens pas à exprimer tout ce que ce livre véhicule. Il est incontournable. A chaque page de petites réflexions remettent les choses à leur place. A lire absolument. Un coup de coeur ♥♥♥♥♥ Les jolies phrases Ce sont des choses qu’il ne faut jamais remettre en question. Le voile, c’est la protection de la femme. Vieille d’une heure seulement et déjà accusée par mon sexe. Je n’aurais pas cru cependant qu’il serait à l’origine d’autant de maux. Avec la poésie, Nafisa réparait le monde à sa manière. Ce monde que je détraquais un peu plus chaque jour avec l’aide de mes complices dont je ne pouvais plus me passer car ils étaient mes garants devant Dieu et mon immunité face à ma femme. Les électrons libres provoquaient toujours des courts-circuits, il fallait s’en méfier. Vous flattez Dieu mais vous ne L’honorez pas. Sa véritable faute était d’être une femme seule. Pauvre, veuve et marginalisée, personne au village ne savait quoi faire d »elle……Même ici, la naissance prévalait les compétences. On n’a pas le choix, on le porte c’est tout. (le voile) Mais on les emmerde. Leandra, ce que ma fille essaye de vous dire, c’est que votre obsession de la vérité ne fait pas partie de notre culture, plus orale que la vôtre, vous l’aurez remarqué. Lorsque je raconte des histoires à mes enfants, peu importe que ce soit arrivé ou pas, l’important est que je partage avec eux un moment joyeux et que je leur transmette une partie de ma vie, enjolivée ou non. La vérité n’intéresse personne, venant d’Amérique, vous devriez le savoir. – Vous n’avez pas l’autorisation d’interpréter les mots du prophète Muhammad, que la paix soit sur lui. – Et vous, l’avez-vous ? le coupai-je. Qui vous a octroyé ce droit et m’en a dénuée ? Le Coran vous appartient-il ? Le nom d’Allah a-t-il été déposé ? Vous avez volé Sa parole et L’avez pris en otage pour faire de Lui la marionnette dont cvous êtes le ventriloque, Lui faire dire des abominations et vous réfugier derrière Sa grandeur. Car Allah est grand mais Il peut aussi être tout petit, invisible, s’Il le décide. Et ce jour-là, vous ne vous y attendrez pas, mais vous paierez pour tout le mal que vous nous avez fait. – Vous priez Dieu ? Bien sûr. Pourquoi ne le ferais-je pas ? Eh bien, il me semble qu’Il vous a abandonnée les derniers temps. Allah ne m’a jamais abandonnée, c’est nous qui L’avons semé. Une vilaine habitude philologique de notre langue voulait que ce soit l’extérieur qui nous frappe et non l’inverse. ainsi nous ne disions pas « J’ai attrapé froid » mais « le froid m’ frappé », « la fenêtre m’a cogné’, « la soupe m’a brûlé »…; Jamais nous n’étions responsable de ce qui arrivait. Et s’il y avait pire que la mort dans la vie, monsieur le juge ? Si rester était plus douloureux que partir ? Mon Coran n’ordonne rien, aucune loi ne peut s’en dégager parce qu’il y a autant de lectures qu’il y a de musulmans. P212 et tant d’autres. Retrouvez Nathalie Vanhauwaert sur son blog 

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