Casse-gueule
Clarisse Gorokhoff

Gallimard
blanche
mai 2018
240 p.  18,50 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
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A priori, il avait tout pour me plaire : une écriture un peu mordante, un sujet passionnant, un personnage attachant. Et pourtant, je n’ai pas accroché. Pourquoi ? Difficile à dire.
Peut-être d’abord parce que je n’ai pas cru à cette histoire de jeune fille qui se fait défigurer au coin d’une rue par un inconnu et qui, dès le lendemain ou presque, en ressent un immense soulagement, une libération : enfin délivrée de sa beauté qui l’empêchait d’être elle-même ! Cette acceptation immédiate de son visage devenu une vraie gueule cassée sonne tellement faux. Impossible d’y croire…
Qu’une jeune femme vive un tel cauchemar et qu’éventuellement, avec le temps (et combien de temps…), elle finisse très progressivement par accepter ce qu’elle est devenue, constatant que les autres s’attachent dorénavant à ce qu’elle est vraiment, à son être intérieur, ce qui finit par bouleverser son rapport au monde, pourquoi pas ? L’analyse minutieuse de la lente évolution psychologique de la jeune femme, de sa métamorphose progressive, de sa renaissance à pas menus, de l’acceptation douloureuse de ce visage perdu à jamais m’aurait sans doute plus convaincue. Encore une fois, difficile d’admettre que du jour au lendemain, on accepte de passer d’un visage d’ange à celui d’un monstre et qu’on le vive comme un soulagement !
Le personnage de la mère, de la même façon, m’a semblé frôler la caricature, même si j’imagine bien que des bourgeoises obsédées par leur nombril et uniquement préoccupées par l’apparition de leur dernière ride, ça doit bien exister ! Mais là, la pauvre Nicole n’a vraiment rien pour elle.
Enfin, je n’ai pas été convaincue non plus par cette invention d’une société secrète nYx qui se charge de défigurer les gens (ils appellent cela une TP ou transition de phase) pour qu’ils quittent le monde des apparences et en reviennent à l’essentiel en « dessinant enfin le modèle de leur propre vie ». Et les membres de cette société, ce Lazare, cette Notchka, qui sont-ils au fond, quel est leur parcours, quelles sont leurs motivations ? Ce que j’ai cru comprendre me semble un peu fumeux et tiré par les cheveux. Non, vraiment, trop c’est trop. Bon, je sais, la science-fiction, car ne s’agit-il pas de cela finalement ?, n’est pas mon genre de prédilection et donc peut-être suis-je mal placée pour parler d’un tel livre.
Cela dit, j’espère que ce roman, bien écrit et dont le sujet a le mérite de nous inviter à réfléchir sur un vrai problème de société : le règne des apparences, trouvera son public. Si vous l’avez lu, dites-moi ce que vous en avez pensé. J’aimerais découvrir d’autres points de vue sur le sujet !

Retrouvez Lucia Lilas sur son blog LIRE AU LIT

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