Ce que tient ta main droite t'appartient
Pascal Manoukian

Don Quichotte
fiction
janvier 2017
288 p.  18,90 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur nuit blanche

Une claque. Indispensable.

Karim et Charlotte avaient tout pour être heureux. Charlotte portait le vie en elle, et il a suffi de quelques secondes pour que tout bascule. Un rendez-vous avec des copines pour fêter cette grossesse à la terrasse du « Zébu Blanc » à Paris. Aurélien et un comparse font irruption , une arme au poing, la fusillade éclate et ils se font sauter semant l’horreur.

Karim perd tout et veut comprendre pourquoi.
Karim est d’origine algérienne, musulman d’origine, il croit dans un islam de paix et de partage.
Aurélien, l’un des terroristes était de son quartier, français de souche, il laisse une mère dévastée. Karim veut comprendre le chemin de la radicalisation et venger sa douce Charlotte.

Il va passer de l’autre côté, il s’inscrit sur Facebook sous un faux profil et très vite il va être contacté et devenir un candidat au Djihad.

Il entreprend le voyage en passant par Molenbeek, un quartier de Bruxelles où il rencontre ceux qui voyageront avec lui, Lila une jeune femme (15 ans) qui croit que le voyage est réversible, qu’elle va trouver là-bas des magasins à profusion, le paradis et celui qu’elle a épousé par internet, mais aussi Anthony et sa famille, Sarah et le petit Adam de 4 ans à qui il pense donner un monde meilleur. Tous ceux qui tombent dans le miroir aux alouettes.

Ils traverseront la Turquie pour arriver en Syrie en plein coeur des bombardements face à la vraie réalité. Ils verront les camps d’entraînement où après un lavage de cerveau, ils seront près à tout , à devenir des bombes humaines, de vrais instruments de l’ État Islamique dont la force est de ne pas compter ses victimes.

Pascal Manoukian, ancien reporter de guerre, nous montre aussi la triste réalité d’Alep et des villes sujettes aux bombardements, le triste sort des minorités yézidies occupant le berceau de l’humanité.

On entretient le peuple dans l’ignorance, bannissant les livres, la culture et la télévision.

Daech trouve sa force dans nos faiblesses, dans les carences de notre société, dans les laissées pour compte, les désenchantés plus crédules, moins cultivés, désespérés.

C’est glaçant, terrifiant, un style percutant , efficace, juste et tellement réaliste. Oh que ce livre suscite beaucoup de questions, de réflexions. Il devrait être en lecture obligatoire auprès de nos jeunes. Un récit qui m’a secouée, émue, un livre qui fait partie de ceux dont on ne sort pas indemne et qui va me poursuivre encore quelque temps. Un livre INDISPENSABLE car dans les médias on ne parle pas assez de ce qui se passe réellement là-bas, le mal n’est pas toujours là où on le pense.

Merci Julie pour cette suggestion de lecture commune. Vous trouverez son billet ici

C’est un immense ♥

Les jolies phrases

C’est simple, quand le désespoir est trop grand, il finit par rendre optimiste.

Ici au moins, avait ajouté son père, ma misère n’a gêné personne. J’étais arabe, c’était normal.

Aucun esprit sain ne peut imaginer la terreur qui règne sur les routes du désespoir, comme aucun esprit sain n’était capable d’imaginer l’horreur qui se dégageait des cheminées des camps. C’est le propre des bourreaux d’inventer des douleurs qui dépassent l’imagination. Ils peuvent ainsi assassiner les mains libres.

C’est incroyable combien leurs deux religions peuvent être capables de beauté, quand elles s’entrelacent au lieu de se détruire.

Le Coran, c’est le prolongement de la Bible et de la Torah, on y salue juifs et chrétiens. Ils sont considérés comme des peuples du Livre. Nous leur devons respect et protection. Tout musulman qui t’affirme le contraire ne mérite pas de mettre un pied dans ma mosquée.

Elle n’est plus là, mais il reste des traces d’elle partout, comme ces ombres de disparus incrustées par la chaleur de l’explosion dans le béton d’Hiroshima.

Trouver les frustrations, c’est s’ouvrir les portes les mieux verrouillées.

Au septième jour, plus un homme n’est debout, aucune volonté n’a résisté, on leur a trépané la mémoire, les instructeurs n’ont plus qu’à y plonger les doigts pour les reprogrammer.

L’inculture est le terreau de tous les fanatismes.

La bonne vieille technique du coucou : squatter le nid d’un autre. Détourner au profit du mal toutes les inventions destinées à faire du bien.

La vie est un goutte-à-goutte fragile. Elle s’égrène seconde par seconde. Un rien peut en arrêter le cours.

Voilà ce qui arrive quand le progrès n’assure plus le bonheur. C’est la religion qui prend le dessus et on peut lui faire dire n’importe quoi.

La force des barbares est d’utiliser les faiblesses de ceux qu’ils combattent. Il a suffi à Daech d’ouvrir Télé Z pour découvrir les nôtres.

La guerre fabrique des lâches ou des héros, et ceux qui la gagnent à la fin n’ont pas toujours les mains plus propres que ceux qui la perdent, mais la victoire absout leurs crimes et les transforme en actes de courage.

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