Cigogne
Jean-Luc A. D'asciano

serge safran
litterature
mars 2015
74 pages p.  16,90 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Entre surnaturel et conte

La légende veut que les cigognes livrent des bébés. Avec ce recueil de nouvelles, Jean-Luc d’Asciano conforte la légende en nous livrant un bon livre. Des nouvelles quelques fois dérangeantes, où l’incongru flirte avec l’étrange. Les personnages sont totalement atypiques. La base, réaliste, permet à l’imagination de l’auteur de se déployer d’une belle façon. Je laisse donc le réalisme à côté de moi Un imaginaire foisonnant avec des frères siamois qui découvrent pas hasard leurs pouvoirs, «Nous sommes nés monstrueux et notre vie fut belle. Nous sommes nés au plein milieu d’un été admirablement chaud. Nuls signes mystérieux – pluies de crapauds, migrations de rats, passages de comètes à la ponctualité détériorée, naissances d’agnelles à six pattes ou tournée de saltimbanques – n’annoncèrent notre venue. Juste le cri de douleur de ma mère lorsqu’elle accoucha, et son silence obstiné lorsqu’elle nous vit.». des enfants avec un pouvoir mental développé, la folie douce ou pas… J’ai aimé le SDF ultrasensible qui adore le déplacement de l’air au passage des TGV qui s’installe dans une cabane enfouie sous les ronces pour que sa chienne puisse mettre bas tranquillement. Il dépose ses objets selon un rituel bien défini et enfin « sa face s’anime, s’agite de soubresauts, de tics qui s’organisent. La grimace arrive, la grande grimace, sa préférée : tous son visage se plisse, s’illumine puis s’apaise en un immense, unique et calme sourire ». Et puis, il y a la cigogne. Cette Klappi qui fait l’unanimité contre elle, qui suit le père partout, il n’y en plus que pour elle. « Johannes, c’est mon père. Klapperstorch, c’est une cigogne. Mais ceci n’est pas l’histoire d’amour entre mon père et Klapperstorch. C’est l’histoire de la guerre sans merci entre le reste de la famille et la cigogne. » Cela pourrait mal se terminer. Les parents semblent un peu dépassés par leurs progénitures, le drame pourrait être là, sous-jacent, pourtant il y a de l’amour ou, pour le moins, de la tendresse. L’innocence est belle, le désespoir absent, les protagonistes font face à leurs destins. Humains et animaux vivent ensemble, compagnons des uns et des autres, amis ou ennemis, mais pas trop. Ce livre aux frontières du surnaturel, du conte, de l’onirisme est écrit d’une belle façon. Un recueil de nouvelles très original.

partagez cette critique
partage par email