Des ailes au loin
Jadd Hilal

Editions Elyzad
litterature
mars 2018
168 p.  18,50 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

« Les personnages et leurs fictions sont réactifs. » affirme l’auteur Jaad Hilal. Le lecteur aussi ! « Des ailes au loin » est ce récit où la simultanéité joue à la marelle sur l’astre du temps. C’est un cri qui fait courber les branches du déraisonnable. C’est un enfant au corps chaud de glaise de sa terre mère, qui croit aux miracles soudains. Elle est là, cette cartographie, l’écorchée vive, par ses déracinements qui griffent le sol du sceau de l’inaltérable et transforment les chemins universels, en pièges inavouables. « Des ailes au loin » est ce regard posé sur le point du ciel où fusionne le grand écart entre les deux rives célestes. L’écriture est ciselée, habile, aérienne, frémissante. Elle joue avec les dés de l’oralité. De l’entité même vêtue, nourricière, le lecteur plonge en crayons de couleur annoncés, dans le pictural mature Libano-Palestinien. La généalogie qui trace subrepticement les frontières avilissantes est cette volonté altière qui combat des démons d’une intériorité écartelée. On aime ces femmes, ces combattantes, ces engagées de lumière et ces mères dont le courage est un roseau qui ne plie pas face aux conflits, aux diktats de ce Liban dont les oranges tombent comme des enfants devenus apatrides. La Palestine respire de cette odeur de linge frais qui claque au vent des chimères. Elle métamorphose les langueurs et nostalgies en portes de secours. Abat une à une les cartes de l’impondérable et se fraie un passage dans la ruelle où l’on entend la fuite qui pleure et le bruit d’une poupée qui se casse en mille morceaux. Où l’on ressent la beauté de ces femmes belligérantes aux cils sombres, aux regards manichéens, ravageurs ou altruistes, aux sourires toujours arc-en-ciel. Ce récit mappemonde est beau car exutoire. Il approuve le départ qui sauve mais laisse un fond de lait dans la tasse en partant au cas où. Retient d’un fil cette mère tarentelle d’une histoire de pays en souffrances. Les hommes, points noirs, un peu raturés, noyés sous l’emprise idéologique sont confrontations et contre-sens. Le choc n’a pas lieu. Ces mères intuitives savent. L’ubiquité est un envol. Ce récit est vérité. Profondément respectueux il est l’essence même de ce qui ne sépare pas, et relie d’une terre à une autre, coûte que coûte, avec persévérance. Publié par Les Editions Elyzad, en lice pour le Prix Hors Concours 2018 (Gaëlle Bohé) ce roman engagé est une chance.

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