Helena
Jeremy Fel

Rivages
août 2018
733 p.  23 €
ebook avec DRM 8,99 €
 
 
 
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Un roman entraînant qui devient complexe

Norma, Tommy et Hayley : 3 personnages dont les destins vont être percutés. Ils vont être aspirés dans les spirales de l’enfer…

Norma, cette maman ne pense qu’à faire de sa fille une mini miss et ses fils, 17 et 18 ans, sont diamétralement opposés. Cette famille vit dans les champs de maïs du Kansas profond.

Tommy : Ce jeune homme de 17 ans est différent, perturbé par ses cauchemars les plus sombres qui le dévorent de l’intérieur.
Hayley est une jeune femme de 17 ans “privilégiée”. Belle vie dans un beau quartier…( en apparence ).
Leur rencontre va changer leur vie à tout jamais…
Helena : ce roman commence très fort avec une scène sanglante dans des abattoirs désaffectés. Et j’ai rapidement trouvé une touche de Stephen King…  J’imaginais tout à fait la maison de mère Abigaël dans Le Fléau, perdue dans les champs avec les corbeaux autour…( ça vous parle? Peut-être avez-vous lu le livre ou vue la série avec le génial Gary Sinise?! Elle date un peu…)

Une vie paisible (en apparence) pour chacun d’entre eux…Puis la rencontre et très vite le déchaînement de violence : quand un pas vraiment méchant le devient vraiment et quand un gentil devient aussi méchant, alors il n’y a plus aucun repère de la normalité!

Du sang, de la violence, des secrets de famille, des non-dits… Tout ça mélangé peut faire de gros dégâts et bousiller la vie de ces personnages. Un soupçon de surnaturel parcourt aussi les pages…

L’auteur Jérémy Fel m’a embarqué de suite dans l’histoire, à 200 à l’heure. Je me voyais tout à fait à bord d’une vieille Cadillac rouge ou mieux encore la Plymouth Fury rouge, le modèle de 1958, celle de Christine ( notez ma deuxième référence à Stephen King!). S’il n’y a pas vraiment de temps mort dans la première partie du roman, il n’en est rien pour la 2ème partie. L’auteur met plus l’accent sur la psychologie des personnages, qui est intéressante aussi mais du coup le rythme ralenti et je trouve le roman plus complexe.

Plusieurs thèmes transparaissent très clairement : ce qu’une peut faire une mère pour sauver ses enfants, sa famille ; la pédophilie et ses ravages sur l’enfant devenu adulte ; la folie ; les mensonges : un en entraînant un autre dans un boule de neige destructrice.

Nous découvrons une Amérique profonde, les ravages d’une enfance brisée, la haine et la vengeance.

Si j’ai vraiment adoré globalement , l’auteur a commencé à me perdre 100 pages sur la fin (sur 733! Oui c’est un pavé mais je l’ai quasiment lu d’une traite!) et m’a complètement perdu à l’épilogue…Car je n’ai pas vraiment compris l’aboutissement de l’histoire. Tommy a-t-il seulement sombré dans la folie ou bien était-il possédé, quels autres secrets cache Norma, qui était vraiment Héléna???
Un roman noir, psychologique addictif! Livre lu dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire 2018. Je remercie les éditions Rivages et Rakuten pour cette lecture.
Alors, ce livre vous fait envie?
Et vous avez vu cette couverture? J’adore!

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on n'aurait pas dû

l’horreur en majesté

La lecture de ce livre me laisse perplexe, je vois l’engouement qu’il provoque, mais j’ai eu hâte de terminer pour m’en débarrasser ; il est classé en littérature générale et doit être lu comme telle, sous prétexte de : « Jusqu’où peut aller une mère pour sauver son enfant »
J’ai bien compris. La critique de l’Amérique profonde aussi.
Mais quand au cinéma paraît un film d’horreur, avec ces artifices et ses exagérations, le spectateur va le voir en toute connaissance de cause, Helena devrait être classé avec les romans policiers, je ne sais plus si les livres d’horreur sont classés d’une autre manière.
La violence la plus abjecte et souvent gratuite se trouve à toutes les pages sauf une dizaine peut-être, et en fait l’addiction que provoque cette lecture vient du fait qu’elle flatte nos plus bas instincts, et ça marche.
J’y vois là un scénario de film qui ne saurait tarder, et bravo à J.Fel qui a réussi à s’implanter dans la rentrée littéraire avec un texte aussi horrifique.

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coup de coeur nuit blanche

Très vite, l’ambiance est posée : Tommy est un ado qui va mal. Il a ses raisons que l’on découvrira plus tard. En attendant, on se demande quel geste terrible il va commettre, quel animal il va torturer et finir par tuer dans une jouissance infinie, quelle femme il va suivre et observer à son insu, prenant ses désirs pour la réalité. Un malade ce Tommy, un vrai psychopathe souffrant d’hallucinations fréquentes qui l’empêchent de vivre normalement. Pourquoi est-il obsédé par son père mort depuis plusieurs années et dont le fantôme semble revenir vers lui pour le terroriser ? Qu’a-t-il subi, enfant, pour en arriver là ? Pourquoi n’a-t-il jamais été soigné ? Pourtant ce garçon a une mère, une certaine Norma qui semble a priori équilibrée – quoique, est-on tout à fait normale quand on ne pense qu’à inscrire sa fille à un concours de miss pour qu’elle réussisse l’exploit d’obtenir le premier prix de beauté ? Quand on s’accroche à des rêves aussi futiles que dérisoires ?
Qui est Norma, cette veuve et mère de trois enfants : Graham, Tommy et la jeune Cindy ? Se résume-t-elle à ses monologues superficiels sur la robe à paillettes que portera sa fille le jour J ? N’est-elle qu’une « desperate housewife » s’efforçant de tenir au mieux sa jolie maison plantée au milieu de champs de maïs écrasés par la chaleur de l’été et dont les feuilles n’aspirent qu’à couper les chairs de ceux qui s’y aventureraient ? Doit-on rire de sa bêtise, de ses propos creux ou bien doit-on la plaindre d’être ainsi engluée dans un Kansas étouffant et comme hors du temps où l’on meurt à petit feu?
Qui sont les gens, qu’ont-ils vécu et jusqu’où sont-ils capables d’aller pour protéger ceux qu’ils aiment ?
Car au fond, Helena nous parle d’amour, de ceux qui en ont reçu, de ceux qui en ont manqué et qui ont tenté de s’en sortir comme ils le pouvaient, oubliant que, sans amour, se construire est tout simplement impossible. On peut toujours tenter. Se battre. En vain. Une vraie tragédie : on n’échappe pas à son destin, à ce qu’a fait de nous notre enfance. On en porte le fardeau jusqu’à la fin de sa vie. Et c’est ça, précisément, le sujet central du roman de Jérémy Fel.
Dans une Amérique de carton-pâte, les personnages, un brin caricaturaux (mais pourquoi pas ?) se débattent comme ils peuvent avec la vie et celle-ci ne leur fait pas de cadeaux, c’est le moins que l’on puisse dire ! Sont-ils des victimes ou des bourreaux ? On ne sait plus au fond, la frontière est bien floue et l’on passe souvent d’un état à l’autre.
Seule l’envie d’aller ailleurs leur permet d’espérer quelque chose de nouveau. Parce qu’ici, la terre est comme pourrie, elle porte les stigmates des horreurs du passé, on ne construit rien là où des meurtres ont eu lieu. Il faut partir mais tout n’est pas si simple. Le passé rattrape vite ceux qui veulent fuir et les empêche de devenir autres. Pris au piège, ficelés, pieds et poings liés.
Tous ?
Peut-être pas.
Un texte très américain dans sa forme et qu’on lit, dans un premier temps au moins, comme un thriller psychologique, auquel s’ajoute un suspense terrible qui se résume à trois mots : qui est Helena ?
Que le lecteur se rassure, la réponse viendra à temps, éclairant le sens même de l’oeuvre, lui donnant une dimension que l’on n’avait pas forcément soupçonnée dès le début et qui dépasse largement le thriller qui nous a tenus en haleine.
Un roman dérangeant, puissant pour des raisons qui ne sont pas forcément celles auxquelles on croit au départ et sombre, bien plus sombre qu’on ne l’imagine en réalité.
Une réussite !

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