J'ai eu des nuits ridicules
Anna Rozen

Le Dilettante
octobre 2014
224 p.  17 €
ebook avec DRM 8,49 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Risible amoureuse

Ce dernier roman de Anna Rozen est aussi délicieusement sympathique et réussi que le titre qu’elle lui a trouvé : « J’ai eu des nuits ridicules ». Dans cette histoire très enlevée, Valérie une jeune femme à la sexualité libérée « a plusieurs amants, mais un qui compte plus que les autres » Taddhée. Avec un prénom aussi épique il ne peut être que magnifique selon les critères de Valérie. Et en effet « Taddée baise comme elle aime, l’appelle pour demander de ses nouvelles, n’est ni moche, ni bête, ni vieux, alors non seulement elle le garde mais elle le veut ». Malheureusement il a le gros défaut d’être très fiancé et donc peu disponible, surtout quand il emmène sa régulière en voyage en Italie. Et Valérie en son absence, de « sentimentaliser à plein tube» sur ce sujet qui la fait soupirer, car comme l’écrit Victor Hugo « Oh qu’il est cruel d’aimer quand on est séparé de l’être qu’on aime ». Citation que l’on retrouve dans le roman inachevé de Jean de Tinan : « Aimienne, ou le détournement de mineure » dont est librement inspiré cet irrésistible roman d’Anna Rozen. Quand Pierre Louÿs dans la préface de « Aimienne » dit de son ami Tinan trop tôt disparu à l’âge de 24 ans qu’il avait les « dons d’observation exacte » et qu’il maniait l’art des « chroniques légères et hâtives » on peut renvoyer les mêmes compliments à la talentueuse Anna Rozen.

Ce livre profondément léger ou à la légèreté profonde se déguste comme un bonbon fourré dont on découvre derrière le côté acidulé et craquant, un cœur doux et fondant. Ce dernier s’incarne dans le personnage attachant d’Étienne, un ado « pas fini » qui va débarquer sans crier gare et sans donner d’explication dans la vie de Valérie et la confronter à ses vulnérabilités qu’elle tente de dissimuler derrière le risible de chaque situation. On rit beaucoup dans ce livre. D’un rire enchanteur qui donne comme une envie de chanter …une chanson d’amour bien sûr. Et si en refermant ce livre vous avez un gout de trop peu, découvrez l’œuvre d’Anna Rozen aux Editions Le Dilettante – c’est un régal- et allez sur le site Gallica de la BNF, vous y prolongerez votre lecture par celle du roman de Jean de Tinan que l’auteur a détourné et qui est en libre consultation.

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