Joie
Clara Magnani

Joie
Points
litterature
février 2017
144 p.  6 €
 
 
 
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Une histoire simple

L’histoire derrière l’histoire siffle un petit air connu : un auteur anonyme qui veut le rester, l’Italie comme toile de fond… Mais les analogies entre Clara Magnani et Elene Ferrante s’arrêtent là, même si on lui souhaite le même succès.
Ce livre n’aurait jamais dû voir le jour chez Sabine Wespieser qui publie peu de titres et dont le programme est généralement bouclé pour l’année à venir. Lorsqu’elle reçoit le manuscrit de « Joie » au mois d’août dernier, et alors qu’elle n’accepte de lire que les versions publiées sur papier, elle en découvre le prologue sur son Iphone. Intriguée, elle imprime le texte, le dévore, tombe sous le charme et écrit à son auteur, Clara Magnani, le soir même.
Qui se cache derrière ce pseudonyme?
Celle-ci lui répond par retour de mail qu’elle ne la rencontrerait pas, ne parlerait pas de son roman et n’accepterait des interviews que par écrit. On peut avancer diverses suppositions : l’histoire d’adultère qu’elle raconte est la sienne et veut qu’elle reste secrète ; ou, autre hypothèse, Clara Magnani est un auteur connu qui nous refait le coup (de pub) Ajar etc etc.
Peu importe au fond, car ce roman qui porte si bien son titre, « Joie », raconte une histoire d’amour simple -même si les deux amants sont mariés chacun de leur côté-, heureuse – alors qu’on sait dès le départ qu’elle se terminera par la mort de l’homme-, riche et aventureuse.
L’amour en cinémascope
Gigi est un cinéaste italien reconnu, un homme cultivé d’une autre époque, un grand amateur de femmes dont la réputation a dépassé les frontières. Il a interviewé Visconti, écrit sur Antioni, admiré Rossellini (dont la vie amoureuse le fascine). Lorsque Gigi rencontre Clara, une critique de cinéma belge et bien plus jeune que lui, l’heure n’est pas à la romance. Du moins du côté de la jeune journaliste qui refroidit immédiatement les ardeurs de notre latin lover. Mais celui-ci n’abandonne pas, car il sait qu’elle sera son prochain amour, et pressent aussi qu’elle sera le dernier. Tous deux partagent la passion du cinéma, tous deux prônent le « mature love », un sentiment fort et raisonné qui implique qu’ils vivent leur aventure en parallèle et en secret, sans blesser leurs conjoints ni leurs enfants.
Au moment où le cœur de Gigi s’est arrêté de battre, sa fille, Elvira, venue vider l’appartement est tombée sur le journal de son père dans lequel il raconte son idylle avec Clara. La jeune fille l’envoie à cette dernière, pour qu’elle en écrive sa propre version. Ce roman est un petit joyau, qui donne envie d’aller plonger dans la fontaine de Trevi, de sillonner Rome en Vespa, de déguster un plat de fettucine Alfredo, et… de prendre un amant !

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coup de coeur

Une histoire simple

Quel simple et beau titre pour ce livre et combien il lui sied….la joie simple d’ éprouver à nouveau, à l’âge mur, le tourbillon intime de la rencontre amoureuse. C’est ce qui arrive à nos deux personnages, Gigi et Clara, tous deux mariés et heureux dans leurs vies respectives qui ont l’intelligence de ne pas teinter cette joie avec un gâchis irrémédiable de leur quotidien et des personnes avec qui ils vivent, qui les aiment et qu’ils aiment….Leur relation sera organisée pour rester secrète, (mais y arriveront-ils complètement?) et la légèreté qui en incombe est délicieuse certainement autant pour eux (car je prends le pari que c’est une histoire vraie) que pour le lecteur.
L’autre angle intéressant est l’âge de Gigi qui est un septuagénaire très fringant mais qui est conscient que cette histoire d’amour sera la dernière et dont le décès brutal ouvre le roman.
A la mort de Gigi, sa fille Elvira, 25 ans prend connaissance de la liaison de son père et de Clara en découvrant un manuscrit qu’avait écrit Gigi sur leur histoire et qui attendait que Clara lui réponde, en écrivant sa vision à elle de leur « mature love »…Elvira retrouve et contacte Clara et cette dernière écrit à son tour.
Elvira, elle-même en proie aux tourments inhérents à l « amore giovane » que tout le monde vit peu ou prou à son âge,écrit : « Clara et lui avaient de la chance.Ils possédaient quelque chose d’infiniment plus précieux ».
Ce récit est plein de grands sentiments, d’amour et de respect et cette aventure qui se passe dans la belle Italie avec la présence en filigrane de son mythique cinéma nous réconcilie avec la vie, ses promesses et le temps qui passe , « le temps qui fiche le camp », comme dit Clara à la dernière page de ce beau livre, certes vite lu mais certainement relu très bientôt!

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