Kyrielle blues
Véronique Biefnot et Francis Dannemark

Castor Astral
litterature
février 2016
276 p.  17,90 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
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coup de coeur

Une petit moment de bonheur

Nina vit à Bordeaux élevant seule son fils Anton. Elle remonte vers le Nord le coeur gros. Son père Teddy, pianiste de jazz célèbre n’est plus. Elle se rend chez Antoine de Laval, notaire à Hazebroeck pour la lecture du testament de son père. Ce testament reprend une kyrielle de choses diverses qui à chaque fois évoque des tas de souvenirs. A la fin de la lecture, il reste un DVD à visionner. Ce film contient un secret, des révélations qui vont changer des vies. Avec beaucoup d’humanité, de délicatesse et de légéreté, ce livre est lumineux et porteur de vie et d’espoir. C’est aussi le livre des rencontres. Qui était réellement Teddy ? Ce père musicien célèbre qui dispensait des cours de piano et voyageait à travers le monde ? Sa rencontre avec Antoine qui fut son élève, coïncidence troublante. La rencontre d’Antoine et Kathy (la voisine, meilleure amie, cordon-bleu de Nina). Des personnages dépeints avec tendresse. Un livre rempli d’émotions et de musique aussi. Une partition musicale se déroule pour faire revivre les souvenirs du passé énumérant une kyrielle de choses, de petits bonheurs du passé. Nostalgie quand tu nous tiens. Le livre est richement illustré en quadrichromie faisant de ce roman un très bel objet teinté de bleu. Une écriture poétique qui vous emmène en suivant la partition jusqu’au bout d’une seule traite; on n’a pas envie que la musique s’arrête. Le bonheur est parfois là où on ne l’attend pas. Un pur moment de bonheur où le temps est suspendu. Un coup de ? Les jolies phrases La lumière, le matin, est si belle et on a l’impression qu’en se penchant un peu, on pourrait toucher le bleu du ciel du bout des doigts. Je sais plus on vient de loin, plus on arrive tôt. Je croyais que je n’arriverais pas à vivre de la musique, …Finalement, ça a tenu toute une vie. Tu sais, Nina, dans cette kyrielle d’objets, quelques-uns seulement ont une vague valeur matérielle ; la plupart n’ont que celle du souvenir, qui est si subjective… Vous avez déjà remarqué ce prodigieux silence qui s’installe après la fureur ? C’est beau comme une bulle de savon qui s’envole… Par la suite, j’ai découvert la musique, si elle ne pouvait nullement remplacer les mots, me permettait quand même de m’exprimer. J’ignore comment vous jouer du piano mais j’entends bien la musique de vos phrases. Elle est belle. Tous ces objets évoquent de si jolis souvenirs. Mais quand j’étais enfant, seule l’absence de papa occupait mon esprit. Je me rends compte à l’instant que je n’ai pas profité pleinement de ces moments. J’étais souvent heureuse … presque heureuse, et je ne le savais pas…Par la suite, j’ai découvert la musique, si elle ne pouvait nullement remplacer les mots, me permettait quand même de m’exprimer. Je note des choses en effet. Je note des tas de choses pour que les gens s’en souviennent et sachent ce qui leur appartient, ce que leurs grands-parents et leurs parents avaient, ce qu’ils voulaient leur léguer, ce qu’ils ont ou ce qu’ils n’ont plus. De leur temps, on ne parlait guère ce ça, le bonheur n’était pas à la mode. Ils avaient vu le monde se détruire et ils étaient contents d’avoir survécu.. et de vivre, simplement vivre. Mais on ne sait pas tout. C’est ce que j’ai appris dans mon métier : on croit connaître les autres et dans l’immense majorité des cas, on ne les connaît pas. On ouvre de grands yeux et on se dit que ce n’est pas possible. J’ai vu ça si souvent dans mon bureau. L’incrédulité devant la réalité. Devant une partie de la réalité, parce qu’au fond du dernier tiroir, il y en a souvent encore un autre. J’ai vécu si longtemps au royaume du silence…, dit-il. Il y avait des mots, des phrases, mais la règle, c’était que le silence est d’or et qu’afficher ses sentiments est une forme de faiblesse. Il faut parfois changer de rêves comme on change sa garde-robe, parce qu’on a changé, parce que la vie a changé. L’amour est un oiseau rare, il ne vient pas quand on le siffle, mais peut-être quand on se tait, quand on ne l’attend pas… C’était un homme plutôt secret. Un labyrinthe, vous voulez dire. Sauf quand il jouait du piano. C’était limpide, chaque note était juste, évidente.. Je crois qu’il n’y a pas d’option marche arrière dans la vie, ça ne fonctionne qu’en marche avant. Sans musique, sans petits plats, sans moments où on parle pour ne rien dire, juste pour le plaisir d’être ensemble, ça servirait à quoi, la vie ? A rien de rien. Quand un grand changement se produit, ce qui est difficile, c’est qu’il faut tout réévaluer, ses priorités, ses projets. Ce qui était certain et évident la veille ne l’est plus, du jour au lendemain.

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Une lecture-douceur, bien nécessaire en ces temps moroses

Nina, mère célibataire, vient de perdre son père, Teddy, à qui elle était profondément attachée, même s’il fut souvent absent dans son enfance. Pianiste de jazz réputé, il devait en effet souvent la laisser à la garde de ses grands-parents lorsqu’il prenait la route. Aujourd’hui, alors qu’elle se rend chez le notaire pour la lecture du testament, sous un ciel aussi triste qu’elle, Nina suffoque face à cette perte. Première surprise, elle découvre que le notaire de son père, Antoine, était également son ami, après avoir été son élève. Vient donc la lecture du testament, dans lequel Teddy établit une longue liste de ses quelques possessions et surtout des souvenirs qu’il rattache à chaque objet. Aux côtés de Nina, on ne peut s’empêcher de sourire et d’espérer qu’on arrivera à créer, un jour, ce genre de cocon fait de petits riens qui comptent beaucoup. Des disques, des livres, des meubles qui racontent une histoire, une famille, des liens. Des objets dont on se demande bien ce que l’on pourra en faire, mais que l’on garde quand même parce qu’ils nous rappellent quelqu’un. Quel délice que ces quelques pages où s’emmêlent les souvenirs… Mais, seconde surprise, Teddy a accompagné son testament d’un dvd, qui bouleverse totalement la vie et les certitudes de Nina. Francis Dannemark, qu’il soit seul ou accompagné de Véronique Biefnot, m’offre toujours des lectures-bonbons, des moments de douceur. De ceux qui font oublier, le temps d’un instant précieux, les infos, la météo ou les mauvaises nouvelles. De ceux qui donnent envie de se dire que le chaos attendra bien demain pour que l’on se rappelle de son existence et qu’en attendant on va simplement profiter un peu avec nos proches. Il y a, dans ce roman comme dans La route des coquelicots ou Histoire d’Alice, de la douceur, de la bienveillance, de la tendresse et une absence absolue de méchanceté qui fait un bien fou. Pas que tout soit rose, non : nul n’est dépourvu de défauts et la vie est loin d’être facile, mais ce sont justement les affres du quotidien et nul n’est besoin d’en rajouter avec des personnages détestables. On se prend, comme dans la vraie vie, à s’attendrir devant l’un ou à aimer les défauts de l’autre. On se prend, surtout, à sourire de leurs pensées, de leurs échanges, et à être heureux pour eux et avec eux. On a envie d’écouter de la musique en savourant les jolies illustrations dont Véronique Biefnot parsème l’ouvrage, et qui sont totalement dans le ton de celui-ci. On ralentit un peu, pour ne pas le terminer trop vite. Et je ne vous en dirai pas plus, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Vous l’aurez compris, j’ai aimé et savouré ces quelques heures passées en compagnie de Nina, Antoine, Teddy, ainsi que des personnages secondaires (ah… Kathy dans sa cuisine… elle m’a donné faim). Tout comme dans leur précédent roman, tout coule parfaitement, dans une harmonie parfaite : inutile de chercher à savoir qui a écrit quoi, vous n’y trouverez pas deux écritures différentes mais une seule plume. Un roman à accompagner d’un thé, d’un chocolat, ou de quoi que ce soit qui vous permettra de vous enfoncer dans un peu de douceur.

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