La sonate à Bridgetower : (Sonata Mulattica)
Emmanuel Dongala

Actes Sud Editions
janvier 2017
333 p.  22,50 €
ebook avec DRM 9,49 €
 
 
 
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Allegro agitato

Sept ans après « Photo de groupe au bord du fleuve » pour lequel il a reçu de nombreux prix, Emmanuel Dongala nous revient avec un roman à la fois brillant et populaire sur la jeunesse de George Bridgetower, violoniste métis surdoué, élève de Haydn et ami de Beethoven, qui jouit d’un immense succès dans l’Europe des idées et des arts.

Un prodige à la mode

C’est le « phénomène Mozart » qui inspire Frederick de Augustus, ce fils d’esclave noir affranchi ayant ses entrées à la cour d’Autriche : à l’instar de Leopold Mozart avant lui, il voit dans le talent de son violoniste de fils la source d’une fortune providentielle. Il emmène donc George à Paris au printemps 1789 avec la ferme intention de le faire connaître à la cour. Son pari est gagné ; lors d’un premier concert au Palais des Tuileries, le virtuose mulâtre de neuf ans fait sensation et, de lettres de recommandation en heureuses rencontres, le petit prodige et son père voient s’ouvrir les portes des salons les plus courus et les salles de concert les plus prestigieuses. Mais devant le péril révolutionnaire, ils sont contraints de fuir en Angleterre, où, tandis que son père s’interroge sur la condition des Noirs, George devient le protégé du Prince de Galles. Entretemps, il rencontre Beethoven dans la Vienne des Romantiques, la plus passionnante et éphémère amitié musicale de sa vie.

Une traversée de l’Europe des Lumières

Emmanuel Dongala écrit tout à la fois un roman d’apprentissage, biographique et historique avec une écriture qui court la poste et nous immerge dans cette époque effervescente où s’élaborent les droits de l’homme et du citoyen, et où l’on croise dans le même salon Condorcet, Lavoisier et Olympe de Gouges. A la manière des Persans de Montesquieu, nos deux héros séjournent au cœur du Paris populaire, celui des lavandières et des ouvriers, celui des cafés aussi, où souffle un vent de liberté et de contestation. Voici un roman comme on les aime, une balade passionnante et enlevée dans l’Europe des Lumières, un régal de lecture !

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coup de coeur

Attention ! Histoire vraie et quelle histoire, écrite de surcroît dans un français remarquable.

Le jeune Georges Bridgetower, 9 ans, est né à Vienne d’une mère blanche hongroise et d’un père noir, originaire de la Barbade. Le jeune garçon est un violoniste fabuleux, il a été l’élève d’Haydn. Son père décide de suivre les traces du père de Mozart afin d’accéder à la richesse et à la célébrité grâce au talent de son fils.

C’est donc à Paris qu’ils débarquent tous deux au début de l’année 1789. Le père se fait passer pour un prince d’Abyssinie, s’habille à la mode turque, histoire de ne pas passer inaperçu. Il réussit à organiser un premier concert où Georges éblouira tout le monde par sa virtuosité. Dès lors, les portes de la bonne société et des salons parisiens leur sont ouvertes. C’est ainsi qu’ils vont côtoyer les plus grands savants de l’époque, rencontrer les philosophes, les esprits les plus éclairés.

Pendant plusieurs mois, ils vont mener une vie bien remplie mais la Révolution éclate et ils doivent trouver refuge, quasiment sans un sou (le père perd au jeu les sommes importantes gagnées par son fils) à Londres où rien n’y personne ne les attend.

Après des semaines de galère, le jeune Georges sera remarqué par le Prince de Galles qui va le prendre sous son aile et sa vie en sera profondément changée à tout jamais.

Et le titre me direz-vous ? La sonate à Bridgetower existe réellement. Elle a été écrite par Beethoven pour George mais à cause d’une brouille qui marquera la fin définitive de leur amitié, on la connaît maintenant sous le nom de Sonate à Kreutzer, autre violoniste célèbre de l’époque.

Ce roman est particulièrement intéressant car il aborde certes l’histoire de ce violoniste dont personnellement je n’avais jamais entendu parler. On découvre ce qu’était la vie des artistes à cette époque, la « fourmilière intellectuelle » qu’était Paris avant la Révolution, la propagation des idées qu’elle porte.

Et puis surtout, il pose la question de l’esclavage et de la condition des Noirs en France. George est mulâtre, son père est descendant d’esclave mais est un homme libre.

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