Laetitia ou la fin des hommes
Ivan Jablonka

Prix Le Monde 2016
Seuil
août 2016
383 p.  21 €
ebook avec DRM 8,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

partagez cette critique
partage par email
 Les internautes l'ont lu

Une vie de misère

Laëtitia Perrais était une jeune fille presque comme des milliers d’autres , et par sa mort , elle est devenue, et je l’écris avec répulsion , le type même du fait divers desquels sont avides les chaînes de télé en continu. Le fond et la forme de ce texte m’ont rappelé « La petite femelle » de P.Jeanada. En effet, il ne s’agit pas d’un roman, d’une stricte relation des faits non plus, ce n’est pas totalement un essai sociologique, mais un condensé de tout cela. Cette pauvre Laëtitia a mal commencé sa vie de misère, a été retirée à ses parents biologiques ainsi que sa sœur jumelle et elles ont passé leur adolescence dans une famille dite « des plus respectables » avec un tuteur qui paradera avec assurance devant les caméras après le drame en stipendiant les violeurs:plus tard, c’est lui qui sera arrête pour avoir abusé de la sœur de Laëtitia, (espèrons qu’il est toujours en prison.) Cette jeune fille donc qui avait eu péniblement un CAP très tardivement commençait à envisager un avenir un peu plus serein, mais ses rapports avec les garçons complétaient sa misère intellectuelle jusqu’à ce qu’elle rencontre un pauvre type, mais le diable en personne tout de même qui la tuera, la dépècera, jettera ses membres lestés d’un poids de 28kg au fond d’un étang. Voilà pour les faits réels. L’auteur, lui, ausculte en même temps la société, veut faire de Laëtitia un astre, que sa mort devienne un symbole. Toutes les institutions, police , justice, sont passés au scanner, là c’est quasiment un traité de sciences sociales . Le traitement médiatique de l’Affaire est passé au crible, et le fait divers disséqué sous l’angle politique, pour la gauche et Bourdieu, il fait « diversion », pour la droite, il conforte les braves gens dans la peur, il faut donc plus de policiers, etc etc… Cette lecture donne à réfléchir sur le système actuel d’immédiateté. C’est avant le livre d’un sociologue.

partagez cette critique
partage par email