L'Affaire Cabre d'or: Une enquête du commissaire Garrigue
Edouard Brasey

Calmann-Lévy
mars 2015
416 p.  20,50 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
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Maigret au pays de Pagnol

J’ai croisé Edouard Brasey sur les réseaux sociaux qu’il utilise à des fins de diffusion de ses écrits. J’avais même téléchargé un de ses livres sur Amazon, gratuitement. Outre le fait que j’ai beaucoup de mal avec les livres numériques, je n’avais pas accroché avec son histoire qui se passait au temps de la crucifixion de Jésus. Qu’attendre alors ou espérer de « L’affaire cabre d’or » reçu en SP ? Ben beaucoup de bien en fait.

L’histoire se déroule en 1962, en Provence, du côté de Gordes. Jean Garrigue, policier parisien, revient sur la terre de ses ancêtres en villégiature histoire de faire souffler ses poumons soumis à rude épreuve entre la cigarette et la pollution de la capitale. L’inspecteur en disposition va se retrouver mêlé à l’enquête de la PJ de Marseille appelée à la rescousse après une série de meurtres ayant commencé par l’incendie de la DS de Léon Jourdan avec un cadavre à l’intérieur… Léon Jourdan est immédiatement dans le collimateur de Jean Garrigue qui a un contentieux avec celui-ci datant de la guerre et de la mort de sa jeune femme juive dans l’incendie d’un village par la milice.

Tout tourne autour de Jean, inspecteur farfelu pour l’époque, et Léon, lavandiculteur bourru au passé plus que trouble. Jean, affublé de sa truie Rosalie qu’il a sauvée de l’abattoir, mène son enquête parallèlement à l’enquête officielle, avec toujours une longueur d’avance et, malgré quelques erreurs d’appréciations vite réparées, résoudra le mystère des crimes successifs commis sur Léon Jourdan, son entourage ou ses biens.

Edouard Brasey entremêle plusieurs intrigues : le passé trouble pendant l’Occupation de Léon Jourdan, les légendes locales et celle de la cabre d’or – héritière de la Toison d’or –, les faits et gestes de Léon sur sa progéniture, son ancienne femme, son remariage,… Il le fait plutôt habilement même si son récit manque parfois de suspens : on devine assez rapidement les rôles des unes et des autres dans cette histoire et le lecteur n’est jamais vraiment pris en flagrant délit de surprise.

Le style d’Edouard Brasey par contre est très agréable, très fluide. Les références faites au début du livre à Marcel Pagnol ou Jean Giono ne sont ni innocentes ni totalement superfétatoires : le récit d’Edouard Brasey s’inscrit ainsi plus dans une lignée de conteurs que dans une lignée polardeuse. Son récit sent d’abord bon la Provence, ses us et coutumes, ses légendes, son patois, sa terre avant que de sentir, mais de façon secondaire et en un mince fumet seulement, l’intrigue policière. Et quand bien même il y est question de serial killer, notion qui commence à émerger en France, ne vous y trompez pas, il y est question de vengeance avant tout. L’intrigue presque secondaire n’est qu’un prétexte pour se plonger dans cette atmosphère du début des années soixante qui représentent comme un tournant, comme le passage d’un témoin entre deux générations : celle qui a connu la guerre et la nouvelle, celle qui n’oublie pas et celle qui veut passer à autre chose.

En résumé : un livre qui se lit très agréablement avec une réelle atmosphère, avec une bonne intrigue même si elle n’est pas essentielle mais sert de bon fil conducteur, avec un style fluide. Une vraie bonne découverte.

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