Le Livre des Baltimore
Joël Dicker

Editions de Fallois
septembre 2015
450 p.  22 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

saga américaine

Il y a trois ans, Joël Dicker déboulait dans la rentrée littéraire comme un chiot dans un jeu de quilles. Tout le monde s’en étonnait, s’en amusait, pensait qu’il repartirait aussi vite qu’il était arrivé. Et puis la plaisanterie s’est transformée en un phénomène à plus de trois millions d’exemplaires à travers le monde. Certains ont peut-être fait la grimace de le voir s’emparer ainsi de la meilleure place dans les ventes (en plus il était suisse !) et d’enlever deux prix littéraires en prime (l’Académie française et le Goncourt des lycéens), mais il a remporté le suffrage des lecteurs, des libraires et même des critiques les plus revêches.
Tout le monde attendait avec impatience le retour de l’enfant prodigue, avec son lot de questions inévitables: son nouveau roman tient-il ses promesses ? Garde-t-il la tête froide? Comment a-t-il trouvé le temps, au milieu de ces mois d’intense promotion, de se remettre à l’ouvrage ?
Pour répondre à la question la plus importante, la seule qui nous intéresse finalement, son livre est très réussi, bien meilleur à mon avis que « La vérité sur l’affaire Harry Québert ». Pour les autres interrogations, non il n’a pas attrapé la grosse tête, et oui il a appris à écrire partout, à grapiller quelques minutes par-ci par là, dans une chambre d’hôtel, en avion, au café…
Que raconte ce « Livre des Baltimore » ? On y retrouve Marcus Goldman, le héros américain qui lui a porté chance. Comme l’auteur, il est devenu un écrivain à succès. Hanté par sa jeunesse pourtant pas si lontaine, Marcus a décidé de retracer l’histoire de sa famille, divisée en deux branches : l’une qui vit à Baltimore et a fait fortune, et l’autre qui habite Montclair dans une modeste demeure. Durant toute son enfance, Marcus a été fasciné par les « Baltimore », leur train de vie fastueux, leur élégance fitzgeraldienne, mais aussi par leur gentillesse et leur générosité. Dès que les vacances arrivaient, Marcus abandonnait les « Montclair » sans état d’âme, pour rejoindre ses cousins.
Le récit débute un mois avant « le Drame », puisque drame il y a. Le suspense ne se situera donc pas dans ce qui va se passer, mais comment cela va se passer. Dès les premières pages, une ombre plane sur le bonheur, l’insousciance qui seront éphèmères… Quelles sont les causes de la chute et de la décadence des Goldman de Baltimore ? Quels secrets se cachent derrière la division de ces deux branches familiales ? Le roman vogue entre trois époques, et Joël Dicker joue avec la nostalgie, impose une certaine gravité, sème ses indices au compte-gouttes, nous expédie sur de fausses pistes et finit par nous capturer dans son filet. Et il n’y a aucune chance d’en réchapper !

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du Livre des Baltimore

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 Les internautes l'ont lu
on n'aurait pas dû

j’avais lu le premier et moyennement apprécié. C’est à dire qu’à la moitié, j’ai trouvé que ça s’essoufflait bcp et que ça devenait carrément mauvais à la fin mais bon, un premier roman ça a souvent des défauts. Voici donc le deuxième et s’il tient un peu mieux la route et vous tient en haleine, il vous fait aussi souffler parfois à la fin des chapitre où il vous serine : ce fût trois mois avant le drame…. ou encore 13 jours après le drame advint…. on commence à saturer un bout d’un moment :
le drame ! le drame! on veut le drame.
C’est un roman qui vous fait passer un bon moment et ne restera pas inoubliable, quant au style ? rien à dire il n’y en a pas, c’est narratif point barre.

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Ce n’est finalement pas tant un livre sur une famille et sa lente et progressive destruction, physique aussi bien que psychique, que sur la jalousie et les œillères qu’elle érige devant celui qui lui succombe.

Marcus Goldman reprend du service. Après « La vérité sur Harry Québert » (toujours dans ma PAL et pas encore lu), Marcus reprend du service et va cette fois raconter sa famille. Son histoire avant et après le Drame. Marcus vit dans la mémoire de cette rupture, qu’il place en 2004, au moment de la mort de ses « cousins », l’un étant son cousin biologique, l’autre n’étant qu’un fils adoptif (à tout le moins recueilli) par son oncle Saul.

Mais Marcus se trompe deux fois lui-même : d’une part des ruptures ou des cassures il y en a tellement dans cette famille qu’il est surprenant qu’elle ait perduré jusqu’à nos jours (je ne peux évidemment rentrer dans le détail de ces félures au risque de spoiler le récit) et d’autre part Marcus s’enferme dans un passé auquel il a pris part plus ou moins directement, qu’il regrette de n’avoir pu influencer et qui finalement le tient dans un enfermement psychologique au détriment de sa propre vie.

Au risque de perdre quelques connaissances (je ne parle pas des amis, ils sauront me pardonner même si je ne demande rien), j’ai vraiment aimé cette lecture. Joël Dickert sait indéniablement raconter une histoire, préparer ses effets d’annonce et faire surgir un rebondissement quand l’histoire à tendance à se tasser. Les ficelles restent toutefois très évidentes et on voit arriver l’effet de manche avant qu’il se produise même si on n’en découvre pas systématique la teneur exact, même si le pot-aux-roses sait conserver un peu de mystère avant qu’on mette le nez dans ses épines.

Si mes souvenirs sont bons, la critique principale du premier opus des aventures de Marcus reposait sur la présence outrancière de poncifs et une tendance à la mièvrerie. Je ne prétends pas que Joël Dickert atteint ici la grandeur des plus belles pages de la littérature qu’elle soit française ou étrangère mais de là à ne rien y trouver, je trouverai cela dur voire de parti pris. Encore une fois, Joël Dickert sait trousser son histoire et mener le lecteur là où il le souhaite. Encore une seconde fois, Joël Dickert ne révolutionne pas le suspens et ses ficelles sont de celles dont on entoure les rôtis : suffisamment épaisses pour qu’on les retrouve après la cuisson et suffisamment solides pour tenir le tout… mais le recours à de telles ficelles fait-il du rôti un mauvais rôti ? Non, parfois au contraire.

La recette et les ingrédients de Joël Dickert sont connus, reconnus et archiconnus mais il les utilise à bon escient et son plat, sans être de la cuisine gastronomique, n’est pas non plus à (r)avaler au rang de restauroute de nationale. Je n’ai boudé aucun plaisir à le lire et je comprends l’engouement des lecteurs sans forcément saisir la logique des adjectifs dithyrambiques qui peuvent l’accompagner.

Conclusion : « Et pourtant elle tourne », disait Galilée… Et pourtant on le lit d’une traite, disais-je… (ce « et pourtant elle tourne », si tant est qu’il ait une réalité historique, aurait suivi le grand renoncement de Galilée face à ses juges inquisiteurs, je laisse à d’autres que moi soutenir qu’il s’agit de ma part d’un renoncement à quoi que ce soit).

Faites donc selon votre propre grille, la mienne est accueillante…

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