critique de "Le meilleur du Monde", dernier livre de Virginia Bart - onlalu
   
 
 
 
 

Le meilleur du Monde
Virginia Bart

Buchet Chastel
janvier 2015
148 p.  13 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

L’amour à l’épreuve de la vie moderne

Jeanne est une femme comme il en est beaucoup. Elle affiche les apparences d’une vie où tout va bien, pourtant elle s’est toujours sentie vide, une ébauche d’elle-même ; vivre ne lui a jamais été évident, elle fuit le présent en se défonçant à ce qu’elle peut, et c’est groggy qu’elle espère un futur différent ; depuis toujours elle attend qu’il se passe quelque chose dans son existence. Cela va finir par arriver. Jeanne recroise Christophe, son premier amour, celui d’avant la vie qu’elle s’est choisie.
Pour l’héroïne, la fonction fait l’individu. La carriériste, qui évolue dans un milieu dont Christophe ignore tout, n’impressionne nullement ce dernier. Cet homme qui la connaissait avant est peut-être le seul à la voir pour ce qu’elle est davantage que pour ce qu’elle fait. Comment résister ? Comment ne pas vouloir raviver une flamme qui a brûlé si fort ?

Jeanne s’est acclimatée aux codes du monde sans surprises qui est le sien. Ces codes, Christophe les fait voler en éclats. Christophe la ramène à la vie, la régénère, lui donne tout son amour. Cet amour est inconditionnel et réciproque. Mais Christophe exècre le monde dans lequel s’est construite Jeanne, et ce paradoxe au cœur de ses propres sentiments la ronge de plus en plus. Au bout d’un temps, les non-dits viennent gripper la fluide mécanique de l’amour.

Virginia Bart met des mots sur ces parenthèses que sont les vacances, l’été, ces périodes de respiration – voire de rupture, de rythme du moins – qui invitent à un recommencement auquel on renonce au retour. Elle dépeint avec beaucoup de finesse la fatalité du quotidien, la beauté des sursauts qui en sont le sel, la résignation des plus exigeants. Elle dit combien il peut être difficile de se soustraire aux attentes des autres, si insistantes qu’elle devienne parfois les siennes. Combien il peut être vertigineux de vivre en dehors de leur regard.
Les exigences sont nécessaires, en amour en particulier, mais les exigences ont leurs limites…

Un beau petit roman sur la volonté de changer et de vivre, sur la capacité à saisir la chance de bonheur lorsqu’elle se présente, et une intellectualisation de l’amour à l’épreuve de la vie moderne et du quotidien d’une grande justesse.

Retrouvez Sophie Adriansen sur son blog

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