Le Parisien
Jean-francois Paillard

Asphalte éditions
mai 2018
231 p.  21 €
ebook avec DRM 6,99 €
 
 
 
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nuit blanche

L’auteur, Jean-François Paillard, d’après sa biographie rédigée par lui-même, est né en région parisienne et vit à présent à Marseille. « Le Parisien » est son premier polar.

Le héros, Nicolas surnommé « Narval » pour sa mission, ancien militaire qui a connu de multiples terrains en guerre comme le Congo-Brazzaville, l’Irak, la Bosnie… en a gardé de multiples séquelles psychologiques ainsi que physiques si bien qu’à 36 ans il se retrouve en retraite anticipée. Mais ça ne suffit pas pour payer sa croûte ; il va alors accepter des petits boulots et une mission : renforcer les services de sécurité de l’indétrônable maire de Marseille.
A son arrivée dans la cité phocéenne, sa première impression est : « Il est 17h05 quand je débarque, ce mardi 16 mai, à la gare de Marseille Saint-Charles. Jolie, la gare Saint-Charles. Pimpante même, avec ses pins factices, ses boutiques high-tech et son piano sur lequel un jeune rasta à bonnet, kilt et tatoos tambourine quelque chose comme « Viens Poupoule » version techno. »

Il se retrouve donc dans une mission délicate et se dit : « Qu’il y a belle lurette que j’ai quitté ce cirque. Que tout ça ne me concerne plus. Me voilà pris d’une belle envie de gueuler en descendant la Canebière direction le Vieux-Port (…) malgré les cagoles en jupette. A tirer le long de la Canebière ma valise à roulettes. » (p.18).
Il a d’autant plus la rage car il est encore jeune et il a l’impression de s’être fait rouler dans la farine. Les événements vont le prouver.

Arrivé à son hôtel, il rencontre Djamila la réceptionniste qui, en apprenant qu’il vient de Paris, lui répond :
« – Eh bien ! Moi, je viens de la Castellane. Loin des greluches du 8e qui raflent tous les postes…
– La Castellane, tu dis ? Dans les quartiers nord ?
– D’où je viens, les miraculés qui décrochent un BTS feront éboueur ou cantonnier…
– Ah merde, je dis en essayant de prendre un air concerné. «  (p.58)
Il fait aussi la connaissance d’un ami de celle-ci, Jean-No, ancien docker.

Narval comprend vite qu’il est en fait tombé dans un traquenard en ayant été recruté, en fait, pour porter le chapeau d’un règlement de comptes et décide de se venger. Il entame alors une longue course-poursuite qui le mène (et nous avec lui) dans les rues de Marseille : après le Vieux Port, le Cours Belsunce, les Goudes, les Calanques et aussi le stade Vélodrome que Jean-No qualifie ainsi : « Une laide et colossale bulle de béton blanc (. (…) (le nouveau stade Vélodrome est une grosse merde qui est en train de ruiner les Marseillais) ». (p.133).
A leurs trousses les gangs de la Castellane – rythme effréné – parfois à bout de souffle – des entourloupes à tout va mais heureusement que Jean-No est là ; il commence lui aussi à se fatiguer mais il connaît Marseille dans ses moindres recoins.

Dans ces tribulations d’un Parisien à Marseille, cette cavale, son désir de vengeance envers ceux qui l’ont pris pour une bille et son enquête, Narval a fort à faire. Avec Jean-No, une complicité a vite été nouée, celle de deux êtres qui ont perdu leurs rêves. Cela donne : Un + Un = Deux losers qui ont été arnaqués. Mais à cela il faut ajouter : + Une = Djamila qui va nous surprendre mais est-ce en bien ou en mal ? Et pourquoi reste-t-elle avec eux au milieu de ces événements dangereux ? Elle va vite leur faire voir qu’elle en a….
A travers divers trafics : de came par camions – de mafieux – de politiciens véreux – c’est toute une faune marseillaise que rencontre Narval.

Cet ouvrage est un bon polar marseillais (mais pas que ça) que nous offre Jean-François Paillard.
A la fin du livre, Narval se rendant compte dans le train de la disparition de son briquet a cette pensée : « Je n’ai pu m’empêcher de m’esclaffer à l’idée que ce que je venais de découvrir me fournissait une excellente raison de revenir à Marseille.
Ouais, peut-être irai-je un jour le chercher, ce briquet. (…)
Mais pour le moment, j’avais surtout envie de dormir ». (p.231). Mais alors cela signifie-t-il que, finalement, ses souvenirs ne sont pas si mauvais ? Et c’est peut-être pour cela que l’auteur vit à présent à Marseille….

Une notification est à remarquer sur la quatrième de couverture :
« Je parie que vous croyez qu’à Marseille tout fonctionne à l’affect. Que la ville est un joyeux bordel. C’est tout le contraire. Ici, chacun a sa place. » Qu’on se le dise et la fin est bien inattendue. Surprise, surprise !

Une dernière chose à noter : en fin de livre figure toute une playlist bien fournie des morceaux de musique qui jalonnent le livre en l’agrémentant (ce qui n’est pas négligeable) et qui ont été choisis par l’auteur himself.

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