Le vol du Gerfaut
Jean Contrucci

HC éditions
roman
janvier 2018
235 p.  19 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
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C’est le sujet du livre qui m’a tentée : Jean-Gabriel Lesparres, écrivain renommé (vingt-quatre romans traduits en trente-trois langues, un prix Goncourt, un Grand prix du roman de l’Académie française, une chronique hebdo dans Le Monde des livres etc, etc…), est à bout de souffle : son inspiration est en berne, et il n’ose pas avouer à son éditeur qu’il ne parvient pas à finir le manuscrit sur lequel il travaille depuis plusieurs années : Le vol du gerfaut.
Il décide donc de faire croire qu’on le lui a volé et monte tout un scénario pour que le vol ait lieu effectivement. Jean Contrucci s’est certainement inspiré de la mésaventure qui est arrivée à François Nourricier en juillet 1994, à l’aéroport Marseille-Marignane : il s’était fait voler sa mallette contenant son dernier manuscrit. Sa photocopieuse étant en panne, il n’en possédait aucun autre exemplaire. Un avis de recherche avait été lancé et Jean Contrucci s’était chargé lui-même de l’article pour le journal Le Provençal !
Dans notre roman, l’écrivain, septuagénaire, genre vieux-beau-très-friqué (est-on si riche quand on est écrivain?) évolue dans un monde de bobos parisiens: lui-même possède une « bergerie provençale retapée à prix d’or », un vaste appartement rue Raynouard dans le 16e avec du personnel, une femme de 35 ans bronzée qui lit Vanity Fair etc, etc. Est-ce cet univers clinquant et superficiel, un brin puant disons-le, qui m’a tenue à distance ? Je n’ai éprouvé aucune sympathie pour aucun des personnages, même pour ce pauvre Jean-Gab avec sa peur de vieillir, son corps avachi, ses rides et son impuissance. Il est vrai que dans mon esprit, un écrivain a d’autres valeurs que le fric et la frime et ce monde de gens très paradeurs m’a un peu paru en contradiction avec le personnage même du romancier. Mais je suis bien naïve, me direz-vous…
Est-ce parce que je me figurais que l’écrivain en détresse évoquerait sa panne d’inspiration, son angoisse de la page blanche en des termes plus sombres, un brin tragiques ? J’imaginais un être plus torturé, oui, c’est ça, et peut-être aussi une réflexion sur l’acte même de création. (Bon, je sais, je réécris l’histoire.)
Est-ce parce que finalement, je m’attendais à tout autre chose sur une tonalité plus grave que j’ai été un peu déçue par ce roman qui est, au contraire, plutôt léger, amusant, très rocambolesque mais pas franchement crédible ?
En revanche, si vous souhaitez découvrir les coulisses du monde de l’édition, tout est révélé avec beaucoup d’ironie et de férocité : cette dimension de l’oeuvre m’a plutôt bien amusée.
Une lecture agréable et divertissante, ce qui n’est déjà pas si mal !

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