Les gens dans l'enveloppe (livre + CD)
Isabelle Monnin

JC Lattès
septembre 2015
370 p.  22 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

partagez cette critique
partage par email
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

D’une originalité FOLLE !!!

Voilà LE roman qui m’a définitivement réconcilié avec la rentrée Littéraire 2015! C’est LE coup de cœur ! Les gens dans l’enveloppe est un roman qui demande un instant de répit avant d’entamer une autre lecture. Le genre de livre qui une fois refermé, continue de faire son chemin au delà des pages, au delà de l’histoire ou plutôt des histoires. Car c’est là tout l’intérêt de l’ouvrage : une première partie romancée sur des photos achetées par l’auteure sur un site internet et une deuxième partie sur l’enquête qui mènera à la véritable identité des gens dans l’enveloppe. On pourrait en rester là si Isabelle Monnin n’était pas une amie du chanteur Alex Beaupain qui, séduit par le projet, décide de mettre en musique la partie romancée. Et quelle musique! Chaque chanson correspond à l’histoire d’un des personnage: Michelle la mère, Laurence l’enfant, Simone la grand mère et Serge le père. Des textes percutants, des mélodies entêtantes, la participation surprenant des « vrais » protagonistes. Énorme coup de cœur pour les chansons « mon cher  » et « Couper les virages » , les deux morceaux symbolisant le personnage de Michelle, la femme de Serge partie en Argentine avec son amant. J’y ai découvert la magnifique voix de la comédienne Clotilde Hesme que je ne connaissais pas en tant que chanteuse. L’ensemble de l’œuvre est aussi inattendu qu’exceptionnel. On est littéralement transporté par la partie romancée. On veut croire à cette petite Laurence abandonnée par sa mère, élevée par sa mamie poulet et son père solitaire. On aime découvrir l’histoire de Simone la grand mère, la fuite de Michelle avec son amant, la construction difficile, quasi impossible d’une petite fille qui attend sa maman. On découvre ensuite quelques photos de l’ « enveloppe » : des hommes des femmes d’un autre temps, une enfant parmi ces adultes. On a à peine le temps de se demander comment ces photos ont pu être vendues et se retrouver dans les mains d’Isabelle Monnin que cette dernière enchaîne avec l’enquête. Un peu déstabilisée au début par la découverte des véritables prénoms des « gens dans l’enveloppe » j’ai rapidement le deuil de la partie romancée pour me passionner par l’histoire familiale, la vraie cette fois, qui s’offre à nous. Quelle belle découverte que ce roman/documentaire, quel magnifique concept que la mise en musique de cette œuvre. C’est beau, c’est entraînant , c’est entêtant, c’est à lire absolument !!!

partagez cette critique
partage par email
 
coup de coeur

Arrêt sur Photographies

Cette histoire pourrait commencer comme un début de scénario: Une journaliste, Isabelle Monnin achète sur le bon coin un lot de 250 photos appartenant toutes à une même famille: « De cette famille je ne sais rien. Les photos m’arrivent dans une grosse enveloppe blanche quelques jours plus tard. l’enveloppe devient mon trésor « L’idée de la romancière est originale mais délicate. Comment parvenir avec quelques vieux polaroîdes à nous entrainer dans cette quête poétique des origines. Une famille les « M » se dévoile sous la plume romanesque de l’auteur et se révèle au fil d’une enquête émouvante. Un village, Clerval, perdu au fin fond du Doubs, trace le lien qui unit le rêve à la réalité des photos. Le livre se construit ainsi sur trois axes. La partie fictive: L’auteur imagine la vie des gens dans l’enveloppe. Pour moi la plus réussie.La partie investigation: Qui sont ils dans la vie réelle et correspondent ils aux dérives romanesques élaborées, et enfin, la BO du livre dont certains titres ont été composés par le génial Alex Beaupain où la vie chantée des gens se mêle aux voix réelles des protagonistes et artistes. Camelia Jordana, Clotilde Hesme et Francoise Fabian apportant leur douce contribution. Mon émotion est restée intacte tout au long de la lecture et c’est la force d’Isabelle Monnin d’avoir su mettre de la poésie et de l’intensité dans ce récit. La lecture est agréable. Le déroulement tient en haleine. le style est concis mais imagé. Nous sommes dans un livre d’investigation poétique. On se surprend à espérer que ces personnages fictifs, principalement 1 homme et 3 femmes, soient ceux de la vie réelle. On veut y croire. On ne voudrait pas que la réalité les banalise. La partie enquête nous prouvera le contraire. Il y’a des similitudes, des prénoms en commun qui troublent. On se demande quel rôle joue le hasard. Il y’a quelque chose d’universel, d’indéfinissable et de désespéré dans cette quête qui nous touche au plus profond de notre intime. C’est beau et lumineux.

partagez cette critique
partage par email
 
coup de coeur

En juin 2012, Isabelle Monnin achète sur Internet un lot de 250 photos. Ces photos l’accompagneront deux ans et demi. De cette famille dont elle ne sait absolument rien, elle créera une vie, une histoire, un destin. Elle essaiera de les retrouver pour de vrai, de les rencontrer. Elle les apprivoisera, partagera leur vie, deviendra presque intime.

Une famille ordinaire, des gens à la banalité familière, mais non Isabelle dit « Je crois que toute vie vaut la peine d’être racontée, chaque vie est un témoignage de toutes les autres. On racontera une époque, une terre, un petit monde. On racontera la vie des gens dont on ne parle jamais. Elle vaut autant que celles dont on parle – autant et si peu. »

Isabelle Monnin arrive ici avec un objet particulier, un triptyque où dans la première partie elle invente une histoire extraordinaire à ces gens. Elle m’a bouleversée, émue, tenue en haleine jusqu’au bout du roman. Cela pourrait s’arrêter là, mais Isabelle se pose des questions : à qui appartiennent les photos? A elle ? Aux gens ? Peut-elle les utiliser ? Des questions qui la poussent à retrouver les gens.

C’est ce qu’elle partage avec nous dans la seconde partie sous la forme d’un journal d’écriture qui nous les présentera. Là, quelque chose d’extraordinaire se passe, le fil se dénoue, on remonte peu à peu à chacun et cela fonctionne, on a envie d’en savoir plus. Je pense que c’est l’amour, l’attention qu’elle leur porte, la confiance qu’ils lui donnent qui fait que la sauce prend si bien.

Pour terminer le tout, Alex Beaupain habille le tout de chansons et enregistre avec eux, grâce à une belle complicité des chansons qui racontent le roman. Je les ai écoutées avec beaucoup de plaisir et une fois de plus l’émotion était au rendez-vous.

Bravo Madame Monnin, merci aux gens, un petit coup de coeur pour la sensibilité et l’émotion de ce roman.

Un coup de ?

Les jolies phrases

Le silence, c’est pour être certaine d’entendre, une arme de sioux. Je regarde le ciel, j’écoute les nuages et la terre.

Je me tais encore mais il n’y a plus le silence, il n’y a plus la solitude, il y a nous deux et un petit ballon excité fait rebondir nos prénoms jusqu’à tout le temps, Sébastien, Laurence Laurence Sébastien.

Sa tendresse est la mer que j’attendais pour savoir nager.

Les jambes de Michelle agitées d’orties. Aucun endroit où elle puisse poser son corps sans chercher les issues, aucune place dont elle puisse dire Ici est ma place.

Son chariot est une chaloupe qui appelle Michelle, un canot de sauvetage qu’elle prendra, bien sûr qu’elle le prendra, regardez-là, elle est déjà à bord.

Disparue c’est orpheline sans l’être, c’est tu peux bien gueuler personne ne t’entend.

Où vont les secrets quand il n’y a plus personne à qui les cacher ?

Ne pas avoir eu d’enfance est un trou qu’on ne remplira jamais.

On ne retient pas la vie, on peut juste s’en souvenir. La vie est comme les secondes, elle se fiche de nos efforts, elle coule dans un perpétuel effacement. Du sable entre les doigts, une goutte d’eau sur une pierre chaude.

J’ai compris qu’avoir une amie est une chose qui ne s’explique pas, une sensation pleine qu’on ne peut pas dire. C’est comme se sentir en vie, une chose à laquelle on n’a pas besoin de penser. Au contraire : si on y pense, ça s’évapore.

Elle attend la mort comme elle attendait la naissance lorsqu’elle a porté. Le désir de vivre et le désir de mourir à égalité, pas de préféré. Les deux pareils, ses enfants chéris, ses petits si mal aimés.

J’écris des points de suspension à défaut de savoir dessiner l’émotion, fossile liquide de chagrins anciens, qui noie la fin de sa phrase. Il est l’enfant abandonné. Une fois par son père, une fois par sa mère, combien de fois par la vie ?

On pourrait dire que se raconte une vie, ordinaire et extraordinaire comme toutes les vies.

J’ai réussi mais j’ai raté parce que je ne fais pas ce que j’aime.

Quand il y a de l’ombre, il y a toujours de la lumière et une simple bougie suffit à éclairer l’ombre. La lumière gagne toujours.

Les blessures de l’enfance ont ceci de commode qu’on les connaît par coeur, on en sait tous les recoins, elles font mal mais elles ne surprennent pas.

Je vais les connaître, ils vont me faire confiance, ils me raconteront des choses, m’en cacheront d’autres, ils pleureront, ils riront, ils s’étonneront de me dire tout cela. Je sais pourtant que je n’accéderai pas à leur intérieur. Je n’aurai jamais que l’enveloppe des gens.

Notre relation a changé depuis notre première rencontre. Nous sommes au seuil de l’amitié et on n’enregistre pas ses amis. On ne raconte pas à tout le monde les moments d’intimité.
Retrouvez Nathalie sur son blog

partagez cette critique
partage par email
 
coup de coeur

La vie rêvée des gens

En 2012, la journaliste et romancière Isabelle Monnin achète un lot de photos d’une famille inconnue. Elle en tire deux livres formant «Les gens dans l’enveloppe » et qui correspondent à deux facettes de son travail. Le premier livre est une fiction où, à partir des photos, elle imagine les vies de ces inconnus, elle leur donne un prénom, des désirs, des blessures, une histoire. Sous la plume de la romancière, Mamie Poulet, Laurence, Serge prennent vie, et avec eux se dessine la vie d’une famille de Français moyens dans les années 70-80.
Le second livre est une enquête pour retrouver la famille sur les photos et confronter la fable que la romancière a imaginée à la réalité de ces vies. Grâce à l’identification du clocher présent sur l’une des photos, Isabelle Monnin remonte le fil et finit par rencontrer quelques unes des personnes présentes sur les clichés. Serge s’appelle en réalité Michel et Laurence est bien Laurence. Il y a des coïncidences troublantes entre ce qu’avait fictionné l’auteur et la véritable histoire de cette famille. L’intrusion de la romancière dans la vie de ces gens et la relation qu’elle tisse avec eux est extrêmement intéressante. A la surprise initiale (« Jamais je n’aurais pensé que ma vie intéressait quelqu’un ») succède la méfiance puis l’amitié.
Outre ces deux textes, le romanesque et le documentaire, « Les gens dans l’enveloppe » contient aussi un CD de chansons inspirées par le texte écrites par Alex Beaupain (qui a notamment mis en musiques les films de Christophe Honoré). L’un des textes est chanté par la véritable Laurence.
Au final, à partir d’un projet très novateur, Isabelle Monnin signe un livre hors-norme qui interroge sur les liens qui vont se nouer entre le romancier et des inconnus devenus personnages. Une très belle démonstration des pouvoirs de la fiction qui devine les inconscients et rassemble les vivants.

partagez cette critique
partage par email
 
coup de coeur

regardez ma vie, c’est la vôtre!

Quel projet enthousiasmant! Juin 2012: Isabelle Monnin achète par hasard (même si il n’y a pas de hasard) un lot de photos d’une famille française inconnue. Le portrait d’une petite fille surplombe le tas de polaroids et photographies mal cadrées. Mais qui sont ces gens? Pourquoi n’y a t-il jamais de mère sur ces photos? Isabelle Monnin décide, alors, d’écrire un roman imaginaire à partir d’indices photographiques et se promet de faire, ensuite, son enquête pour retrouver les membres de cette famille. La fiction, composée dans un style aux accents argotiques, nous emmène jusqu’en Argentine. Sous la plume de l’auteure, chaque personnage trouve sa place: Laurence, Serge, Michelle, Mamie Poulet, Raymond…A l’évidence, Isabelle Monnin cherche ses propres racines. Originaire de la même région, du même milieu social et née dans les années 70, comme la petite fille sur la photo, l’auteure réalise un projet généalogique qui lui tient, singulièrement, à coeur. Grâce au clocher de l’église, la famille est vite retrouvée du côté de Clerval dans le Doubs. Mais est il possible de connaître la vérité de chaque membre de cette famille? Les thèmes de la mémoire, du manque, de la souffrance, de l’abandon, de l’enfance et du temps qui passe résonnent dans cette recherche émouvante. Pour la lectrice, le projet artistique est harmonieux. Il passionne et captive même si, en définitive, les résultats de l’enquête déçoivent: une famille ordinaire à l’histoire incroyablement banale. Mais finalement, c’est ce constat qui est intéressant: prendre des gens au hasard et trouver en eux une universalité. Cerise sur le gâteau: le livre s’accompagne d’un CD de chansons écrites par Alex Beaupain et chantées par des membres de la famille anonyme. D’autres titres sont interprétés, avec talent, par Camelia Jordana, Clotilde Hesme et Françoise Fabian. Pour notre grand plaisir, Isabelle Monnin et Alex Beaupain proposent un projet artistique original qui entremêle fiction et réalité. « Ecoutez; ma vie, c’est la vôtre. » George Sand.

Retrouvez Sophie-Marie Dumont sur son blog

partagez cette critique
partage par email